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Demandeurs d'asile en 89

Plus de 150 demandeurs d'asile ont été amenés d'abord de Paris (La Chapelle, Jaurès, Stalingrad...) puis de Calais dans l'Yonne. Une grande majorité dépend de Dublin. Ils ont pris tous les risques et maintenant ils risquent le retour dans un pays où ils ont été enregistrés contre leur gré et où les conditions d'accueil ne sont pas acceptables. Lire dans la rubrique Pages : notre pétition, la lettre des demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre ... . Consulter les catégories : Paroles de demandeurs d'asile, Pays de non asile, Nous les soutenons, Nous informons, Chronique en 89, Prahda, Ofpra. Signer la pétition pour la régularisation : https://secure.avaaz.org/fr/community_petitions/emmanuel_macron_et_le_gouvernement_francais_france_regularisation_de_tous_les_sanspapiers/?txqxfqb&fbclid=IwAR2vLV1piiM2wCy8EP05vhzCNFk5iLL_tvPjntEgXI5yFb9Qk4kBBKrgprY

Isolement, surveillance, tuberculose: la gestion douteuse d'un camp de réfugiés par la Croix-Rouge

Publié le 25 Novembre 2017 par lieb dans Nous les soutenons, nous informons, Chronique en 89, Dublin

Nous savons que c'est là le résultat d'un travail inlassable, obstiné ainsi que du courage des demandeurs d'asile qui se sont battus et qui aujourd'hui ont témoigné. Ce que cet article nous enseigne : ne jamais baisser les bras, ne jamais accepter. Il est toujours possible de briser le silence. Merci.

Voir les photos et l'article de Theo Englebert sur le site Buzzfeed : https://www.buzzfeed.com/theoenglebert/isolement-surveillance-tuberculose-la-gestion-douteuse-dun?utm_term=.awqdx6bDN#.xaX1n56Yx

 

 

À 200 km de Paris, une centaine de migrants vivent dans des conditions alarmantes. Notre enquête lève le voile sur la situation sanitaire et le fonctionnement opaque du centre de Jaulges (Yonne). Le Défenseur des droits a été saisi en octobre.

Publié le

  • La situation géographique et la configuration des lieux donnent au centre d'accueil et d'orientation (CAO) de Jaulges un aspect de prison à ciel ouvert. La Croix-Rouge entretient l’isolement extrême des résidents en surveillant tout contact avec l'extérieur, en limitant l’accès à l’information et en ouvrant leur correspondance.
  • Pendant une visite à des résidents, la Croix-Rouge a tenté de nous empêcher de prendre des photos, de restreindre nos déplacements et de nous intimider.
  • Plusieurs demandeurs d’asiles ont été contaminés par la tuberculose.
  • Le Défenseur des droits déclare avoir été saisi sur les conditions de vie au CAO de Jaulges.

Pour atteindre le centre d’accueil et d’orientation (CAO) de Jaulges, dans l'Yonne, il faut quitter la petite ville de Saint-Florentin et marcher environ deux heures. Au détour d'une route départementale, un transformateur électrique sur lequel le slogan «DEHORS» recouvre l'inscription «REFUGEES WELCOME» indique qu'on est presque arrivé. À gauche, au bout du petit chemin goudronné se dresse l'imposant portail de l'ancien camp militaire transformé en centre pour demandeurs d'asile, géré par la Croix-Rouge, perdu en pleine forêt. On s'y est rendu à la mi-novembre après avoir recueilli les témoignages alarmants de deux réfugiés qui y ont passé huit mois.

À leur arrivée en France en 2016, Diarassouba*, un Ivoirien de 27 ans, et Bakari*, un Guinéen de 21 ans, sont d’abord passés par le centre humanitaire situé porte de la Chapelle, à Paris. «Un matin, on nous a dit qu'on allait en province à 1 h 30 [de Paris] sans nous préciser exactement où. Là-bas, ils allaient étudier notre dossier», se souvient Diarassouba. Mais arrivés sur place, les passagers du bus ne peuvent plus revenir en arrière. «Le bus était plein quand on est arrivés à Jaulges», se rappelle à son tour Bakari. «En voyant l'endroit, certains ont refusé de descendre. La police était là et c'est elle qui nous a fait descendre.»

Diarassouba et Bakari sont restés huit mois à Jaulges, ils sont aujourd'hui en fuite. Ce n'est qu'une fois arrivés dans l'Yonne que les Diarassouba et Bakari tombent sous le coup du règlement européen Dublin III qui établit que le pays responsable de la demande d'asile d'un migrant est celui qui l'a contrôlé en premier. Autrement dit, ils vont être expulsés vers l'Espagne, le premier pays de l'Union européenne qui a prélevé leurs empreintes. «À l'annexe de la préfecture, boulevard Ney [dans le 18e arrondissement de Paris], on nous a tous dit qu'on était en procédure de demande d'asile normale. Mais arrivés là-bas, la préfecture nous a dit qu'on était dublinés», poursuit Bakari.

Les demandeurs d'asile se sentent alors trahis par les autorités. Ils voient le camp de Jaulges comme un piège dans lequel on les a jetés.

«L'État est chez lui, et fait ce qu'il veut»

La zone de 42 hectares qui abritait la 15e base du soutien matériel de l'armée de terre (BSMAT) faisait l'objet d'un plan local de revitalisation depuis le départ des militaires en 2014. Au mois d'octobre 2016, le préfet convoque le maire de Jaulges et ceux des communes voisines et leur annonce la nouvelle. «Ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire. L’État a décidé de faire dans l’ancien camp militaire de Jaulges, un CAO, centre d’accueil et d’orientation pour migrants. L’Etat est chez lui et fait ce qu’il veut», retranscrit dans ses vœux le maire du village de Chéu, l'une des communes limitrophes.

Les premiers bus de demandeurs d'asile sont arrivés à Jaulges, un mois après cette réunion expéditive en novembre 2016. «Nous sommes là, dans l'ignorance. Nous n'avons pas reçu d'informations. Nous demandons pour les recours et on nous répond qu'il n'y en a pas», se rappelle Diarassouba. Son compagnon complète : «On restait toujours devant. On avait peur de se promener derrière. Il y a beaucoup de bâtiments militaires vides. C'est effrayant.»

Créés pour héberger les migrants après l’évacuation des camps qui s’étaient formés autours de Calais, Dunkerque et Paris, les CAO sont régis par une charte de fonctionnement. Celle-ci est éditée par le ministère de l’Intérieur et le ministère du Logement. Elle prévoit en premier lieu «d’assurer l’accueil et la prise en charge des personnes dans des conditions dignes et adaptées à leur situation et leur parcours».

D’après cette charte, le CAO doit aussi «permettre aux migrants de bénéficier d’un temps de répit, de reconsidérer leur projet migratoire, de bénéficier le plus rapidement possible de toutes les informations et de l’accompagnement administratif nécessaires au dépôt d’une demande d’asile s’ils souhaitent s’inscrire dans cette démarche».

L'isolement géographique transforme le centre en prison

Relégués en zones rurales, les résidents de Jaulges n'ont accès à rien. «Au camp il n'y a pas de réseau [internet] mobile. Il faut le chercher à des endroits précis», déplore Bakari. L'isolement géographique transforme le centre en prison. «On ne peut pas vraiment sortir. Il faut faire 12 km à pied», ajoute Diarassouba. Certains migrants disposent de vélos donnés par la Croix-Rouge, la plupart du temps il faut les acheter. Or, la majorité des réfugiés n'en ont pas les moyens.

«Le seul transport que la Croix-Rouge mettait à notre disposition, c'était un camion de 7 places pour aller chercher des cigarettes, des cartes téléphoniques et des boissons. Nous n'avions qu'une heure, et seulement le mardi, le jeudi et le samedi.» Ces voyages deviennent la seule occasion de quitter le centre pour les demandeurs d'asile. Il était pourtant prévu lors de la mise en place de ces structures que «les services de l’État veillent, dans toute la mesure du possible, à la proximité des services facilitant la prise en charge des personnes accueillies».

 «Douze kilomètres à pied par jour, ça me fatiguerait un peu. Eux ça ne leur fait pas peur»

Joint au téléphone par BuzzFeed News, le directeur local du centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de la Croix-Rouge (qui a bien voulu répondre à nos questions, mais a souhaité ne pas être nommé) concède : «Ils peuvent avoir le sentiment d'être coupés du monde. Pour être honnête, c'est évident que ceux qui viennent sont un peu surpris au début.» Mais il ajoute :

«Ils sont complètement dans la forêt. Cela dit, ils y trouvent aussi leur compte. C'est-à-dire qu'ils sont complètement libres, ils peuvent se promener tant et plus. Et c'est souvent des gens qui viennent de la campagne dans leur pays respectif. Je ne sais pas vous, mais douze kilomètres à pied par jour, ça me fatiguerait un peu. Eux, ça ne leur fait pas peur.»

Interrogé sur le temps qu’il faut pour parcourir la distance qui sépare le camp de la commune de Saint-Florentin, le directeur répond : «Ils mettent une bonne heure pour y aller. Parce que ce sont des gros marcheurs, hein…»

Les réfugiés que nous avons rencontrés ont le sentiment que les travailleurs sociaux leur enlèvent peu à peu la possibilité de participer à leurs propres démarches. «On avait reçu nos premiers récépissés [de titre de séjour] mais quand il a fallu les renouveler, nous n'avons pas pu y aller nous-mêmes», rapporte Bakari. «On ne pouvait pas envoyer de dossier ni sortir faire des démarches.» Le directeur du CHRS tente de le justifier par la difficulté des migrants à se déplacer : «On les accompagne parce qu'ils ne peuvent pas le faire tout seul. On accompagne à Dijon ceux qui ne savent pas se débrouiller. Certains sont incapables de prendre le train seul donc on les emmène.»

Des conditions de vie proches de la détention

Diarassouba décrit le camp comme une véritable prison : «Le camp est très vaste. La cour est fermée et clôturée par des murs en béton et des barbelés. Il n'y a qu'une entrée et elle est souvent fermée. On pouvait aller et venir par la porte piéton.» Il insiste aussi sur la surveillance dont les migrants font l'objet. «À Jaulges, on est surveillé. Il y a des caméras devant. On ne sait pas si elles fonctionnent. Les travailleurs sociaux passent dans les chambres chaque matin à 8 heures pour voir si tout le monde est bien dans son lit», précise Dirassouba. Interrogé sur la présence de caméras, le cadre de la Croix-Rouge laisse échapper un rire sarcastique : «Arrêtez de croire tout ce qu'on vous dit il n'y a pas de caméra.»

Des caméras surplombent pourtant bien le portail du camp de Jaulges, comme nous l'avons constaté en prenant des photos. «C’est interdit de prendre des photos ici. C’est une propriété de l’État. Vous devrez les supprimer avant de sortir», nous a plus tard intimé un employé de la Croix-Rouge. Ce même employé tentera tout au long de la visite de restreindre nos mouvements. «Vous ne pouvez vous déplacer que dehors et dans la pièce de vie. Vous ne pouvez pas vous rendre dans les autres pièces ni à l’arrière du camp.»

Les murs d’enceinte du camp sont surmontés de barbelés. Contrairement à ce que prétend le cadre de la Croix-Rouge, des caméras – dont on ne sait pas si elles fonctionnent – surplombent l’entrée du camp.

Le CAO est ouvert, les migrants peuvent aller et venir à leur guise. Mais la disposition du camp, avec ses hauts murs d’enceinte et les dispositifs de sécurité laissés par l’armée, créent rapidement l’impression de se trouver dans un lieu clos. L’épaisse forêt qui entoure le site amplifie ce sentiment d’enfermement. Un résident actuel du camp décrit : «Notre seul intermédiaire avec le monde extérieur, c'est le bureau du camp. Rien n'entre ou ne sort sans passer par le bureau. Tout passe par là.» Il n’est en effet pas possible d’emprunter l’unique entrée du camp sans être vu des bureaux de la Croix-Rouge, situés près du portail.

Diarassouba témoigne de cet isolement et d'un sentiment puissant d'entre-soi qui sont entretenus par le personnel du centre. Selon lui, les contacts avec l'extérieur étaient rares et l'administration employait son énergie à les limiter au maximum. «Les travailleurs sociaux n'acceptent pas vraiment que l'on vienne nous voir. Surtout si [les visiteurs] sont des Blancs.» Selon Diarassouba, les employés du camp n’hésiteraient pas à faire pression sur les résidents. «Ils viennent nous voir pour nous dire que nous ne pouvons pas les rencontrer, ils nous intimident. Ou alors ils réduisent les entrevues. Ils ne veulent pas que l'on nous donne d'informations sur nos droits», explique-t-il.

«Le problème de ce camp, c'est que personne ne veut nous donner d'information, confirme un résident. Nous n'avons rencontré aucune association et personne ici ne nous dit où et comment nous pouvons trouver et connaître nos droits.»

Ouverture du courrier et interdiction d'accès aux associations

On s'est rendu au camp de Jaulges — sans se présenter en tant que journaliste. Alors que l'on visitait l'endroit, le personnel du CAO nous a soumis à un véritable interrogatoire.

«Je me pose des questions sur votre venue ici. Je me demande si vous connaissez vraiment ces personnes. J’ai des doutes vous voyez, alors je m’interroge. J’aimerais connaitre les raisons de votre venue ici. Je pense que vous ne les dites pas», a questionné l'un d'entre eux. On a alors répondu que nous venions rendre visite à l'un des réfugiés.

La Croix-Rouge est la seule organisation présente sur place. Elle interdit l'accès de ce camp à d'autres associations d'aide aux réfugiés. Et quand on interroge au téléphone le directeur du CHRS sur ce point, il s'exclame : «Ils peuvent aller les voir à côté [dans la forêt], mais elles ne rentrent pas dans le CAO. C'est une propriété privée ! Vous ne faites pas rentrer tous les gens qui le veulent chez vous ! Là c'est exactement la même chose.» Puis ajoute : «C'est une propriété dont la Croix-Rouge est responsable. Elle fait rentrer les gens qu'elle connaît et dont elle sait ce qu'ils vont faire. On est là pour les aider [les réfugiés]. Une association d'aide aux migrants, on en est une.»

Parmi les problèmes au sein du CAO, la question de la correspondance est un sujet épineux. Certains migrants parlent de l’ouverture imposée de leur courriers, qu’ils vivent comme une surveillance. «Là-bas on doit retirer nos courriers auprès de la Croix-Rouge. Quand on y va, ils les ouvrent devant nous et ils les regardent d'abord», relate Bakari. Les réfugiés rencontrés au centre confirment ces méthodes. Du côté de la direction, on reconnaît ces pratiques : «Les courriers officiels, on les ouvre devant eux pour leur montrer ce dont il s'agit. Sinon, comme ils ne savent pas lire le français ils passeront au travers de l'information.» De son côté Diarassouba, qui est francophone, dit effectivement ne pas avoir eu à subir ces intrusions dans sa correspondance : «Ils me laissaient prendre mon courrier et l'ouvrir dans ma chambre. Ils se méfiaient de moi, car je parle et je lis bien le français.»

Des conditions sanitaires inquiétantes

Dans le camp de Jaulges, ce sont les migrants qui sont chargés de garder l'endroit propre. «C'est nous qui avons dû le nettoyer et garder l'endroit sain. Il y a un infirmier qui venait le lundi et le jeudi. Il fallait lui demander un rendez-vous à l'hôpital si on était malade. Nous avons tous été malades», se remémore Bakari.

«Des gens avaient la tuberculose», affirme Diarassouba. «L'un de mes amis l'avait, mais je ne l'ai su qu'après avoir quitté Jaulges. On faisait tout ensemble. On fumait la même cigarette, on buvait les mêmes boissons et on mangeait dans le même bol. Il allait souvent à l'hôpital et les travailleurs sociaux n'ont pas su dire ce qu'il avait. Maintenant, j'ai aussi la tuberculose», se plaint-il. Il sort de son classeur les résultats d'analyses effectuées six jours après son départ de Jaulges, qui attestent d’une contamination par le virus.

La conduite à tenir en cas de manifestation chez un patient de la tuberculose est très précise. Interrogé par BuzzFeed News, Florian Vivrel, médecin de la mission française de Médecins sans frontières explique :

 «Dans un monde idéal, si ces personnes ne sont pas hospitalisées, c'est qu'en théorie elles ne sont pas contagieuses. Si la personne est symptomatique, on l'hospitalise et on lui met un masque. Tant qu'on est pas certain que ce n'est pas ça, les patients sont gardés en isolement. Quand on a quelqu'un qui est positif et contagieux, il faut faire une enquête dans l'entourage.»

À l'intérieur du camp, plusieurs réfugiés se souviennent de cas de tuberculose. «Il y a eu sept cas dans le camp. Aujourd'hui, il y a encore trois tuberculeux dans le camp. Nous vivons tous mélangés, personne n'a été séparé ou éloigné des autres», précise l'un d'entre eux. Après la première apparition de la maladie, ils confirment la venue de médecins pour dépister le virus chez les autres résidents. Les médecins auraient ensuite donné un traitement médicamenteux aux malades, sans les isoler du camp.

Joint par téléphone, l’agence régionale de santé de Bourgogne (ARS) confirme avoir enregistré un cas de tuberculose à Jaulges au cours des trois derniers mois. Celui-ci aurait été pris en charge par le Centre de lutte antituberculeuse. «À ce jour, il n’y a pas de cas de tuberculose maladie [contagieuse] au CAO de Jaulges», affirme l'ARS. Quant au traitement contre la tuberculose prescrit à certains résidents de Jaulges, il pourrait s’agir de «traitement préventifs et non curatifs». Il serait alors question de cas de «tuberculose latente» et non contagieuse. «C'est pour ça que nous, on a aucun cas de signalés. Parce qu'on s'occupe de ceux qui sont contagieux. Il y a zéro nouveau cas de notre côté. Si on a pas de cas signalés, on ne peut pas communiquer.»

«La promiscuité favorise la contagion», précise Florian Vivrel sur la propagation de la maladie. «L'insalubrité, la fatigue et l'épuisement sont des facteurs qui vont aussi, à l'échelle d'une population, favoriser la contagiosité», ajoute-t-il. Au camp de Jaulges, les locaux sont vétustes et les résidents sont 4 à 6 par chambre malgré la charte qui préconise «l’individualisation de l’espace, autant que possible et en fonction de la configuration du lieu, afin d’assurer un accueil dans la dignité des personnes».

 «Ce sont des gens qui ont souffert et qui font beaucoup de "bobologie"»

Du côté de la Croix-Rouge, c'est une version tout à fait différente que le directeur du CHRS livre : «On a pu avoir des maladies graves. Ça a été détecté et tout le monde a été traité aussitôt. Actuellement on n'a plus rien. Il peut y avoir des rhumes, il y aura certainement des grippes. Personne n'est reparti malade du camp.» Pour lui, les migrants exagèrent leurs problèmes. «Ce sont des gens qui ont beaucoup souffert et qui font beaucoup de "bobologie", je dirais… Ils ont souffert comme des malades en traversant le Sahara. Maintenant lorsqu'ils se frottent le petit doigt par terre ils souffrent. Et comme ils savent qu'il y a des soins ils viennent les chercher aussitôt», déclare le directeur du CHRS.

Une antichambre pour les expulsions

À Jaulges, la durée de séjour des demandeurs d'asile à tendance à s'éterniser. Un migrant résume : « Notre vie ici, c'est Prison Break. Beaucoup de gens transférés de Paris quittent immédiatement le camp. Personne ne veut rester ici, dans la forêt, donc beaucoup décident de fuir. Ils choisissent de dormir dans la rue à Paris plutôt qu'à Jaulges.»

Diarassouba et Bakari ont donc passé huit mois au camp avant d'être à nouveau déplacés. Ils ont été conduits à environ trente kilomètre de Jaulges, dans une autre structure située dans la ville d'Appoigny, pour être expulsés le plus rapidement possible vers l'Espagne. «Une fois là-bas, on est assignés à résidence 45 jours en attendant l'expulsion», explique Diarassouba.

«Dans les deux premières semaines on nous donne un premier billet [d'avion]. Si on l'a refusé, on est considéré comme étant en fuite.»

Sous le coup d’un arrêté d’expulsion, Diarassouba et Bakari ont refusé de prendre le billet d'avion et ont choisi de s'enfuir pour un futur incertain. «Aujourd'hui, c'est l'enfer que je vis. Ma vie est basée sur le doute», raconte Diarassouba, qui est très amer : «Si je n'étais pas en danger, je ne serais pas parti [de Côte d’Ivoire]. Ce que je regrette plus que tout, c'est de ne pas avoir été écouté en France. Je parle la langue de ce pays mais on ne m'a même pas donné l'occasion de m'exprimer. Maintenant je n'ai aucune idée de ce qui va arriver. Je ne sais même pas si tout ça finira par s’arrêter.»

Contacté par BuzzFeed News, le Défenseur des droits déclare avoir été saisi sur les conditions de vie au CAO de Jaulges.

*Les prénoms ont été modifiés

 

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Ce qui se passe en Libye est au-delà de l'enfer. Message d'une amie présente auprès des demandeurs d'asile depuis leur arrivée à Sens en juillet 2016, et qui exprime notre horreur à tous.

Publié le 17 Novembre 2017 par lieb dans Nous les soutenons, nous informons

Ce qui se passe en Libye est au-delà de l'enfer. Message d'une amie présente auprès des demandeurs d'asile depuis leur arrivée à Sens en juillet 2016, et qui exprime notre horreur à tous.

Bonsoir,

J'ai pu lire et voir cette vidéo sur le net.
 
Ce qui se passe en Libye est au-delà de l'enfer que tous ces réfugiés subissent encore et encore.
De plus les pays d'Europe sont complices dans la mesure où ils payent la Libye pour retenir les réfugiés.
 
J'ai également écouté François Gemenne sur France Bleue cette semaine qui relate ce fait monstrueux de la Libye, le nommant le camp de concentration à ciel ouvert.
 
Je me pose la question sans cesse.
Pourquoi de telles cruautés sont permises sous couvert de l'Europe ?
 
Que se passe-t-il vraiment ?
Je n'ai pas de mots.
 
Je me sens tellement impuissante face à de telles atrocités. 
Comment faire cesser de tels agissements.
 
J'avoue que j'ai de plus en plus de mal à vivre normalement chaque jour avec ce qui se passe en Libye en sachant que la France est complice.
 
Désolée pour mon message qui pourrait sembler un peu confus ou autre.
Mais je n'ai pas de mots qui puissent calmer tant de maux.
 
Je n'ose même pas dire bonne soirée sans que cela puisse être indécent face à ce qui se passe.
 
Élisabeth 
Ce qui se passe en Libye est au-delà de l'enfer. Message d'une amie présente auprès des demandeurs d'asile depuis leur arrivée à Sens en juillet 2016, et qui exprime notre horreur à tous.

(Montage et dessins d'Elisabeth)

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Photo - symbole des conditions du Prahda d'Appoigny

Publié le 17 Novembre 2017 par lieb dans Nous les soutenons, nous informons, Prahda, Chronique en 89, Dublin

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L'horreur absolue. Pour que l'Ofpra et la CNDA croient enfin ce que nous disent depuis des mois les demandeurs d'asile. Information : rassemblement contre l'esclavagisme en Libye à Paris

Publié le 17 Novembre 2017 par lieb dans Nous les soutenons, nous informons, Ofpra

L'horreur absolue. Pour que l'Ofpra et la CNDA croient enfin ce que nous disent depuis des mois les demandeurs d'asile. Information : rassemblement contre l'esclavagisme en Libye à Paris

"STOP À L'ESCLAVAGISME EN LIBYE "
RASSEMBLEMENT AUTORISÉ PAR LA PRÉFECTURE, LE VENDREDI 24 NOVEMBRE DE 16H À à 19H , DEVANT L'AMBASSADE DE LIBYE 6-8 RUE CHASSELOUP-LAUBAT MÉTRO CAMBRONNE LIGNE 6...
SOYONS NOMBREUX ET NOMBREUSES POUR DIRE STOP !!!!

(Je ne peux pas mettre les photos et vidéos,  elles sont au sens propre insoutenables).

    L'horreur absolue. Pour que l'Ofpra et la CNDA croient enfin ce que nous disent depuis des mois les demandeurs d'asile. Information : rassemblement contre l'esclavagisme en Libye à Paris
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    Adoma, nom construit à partir du latin « ad » qui signifie vers et « domus », la maison!! Et pourtant la prison est loin d'être la maison.

    Publié le 13 Novembre 2017 par lieb dans Nous les soutenons, nous informons, Prahda

    La maison!!

    La maison!!

    Lu sur le facebook de T. Perkins

     

    "Car Adoma est Sonacotra"

    Il y a cinq Prahda en Île de France pour un total de 586 détenus. Adoma les gère : c'est un expert en détention depuis la création des foyer de travailleur migrants, car Adoma est Sonacotra.

    
    Comment vivre de la misère des autres.

    Melun: 133 personnes, Neuilly sur Marne: 106 personnes, Maurepas: 110 personnes, Conflans Ste Honorine: 136 personnes et Achères: 101 personnes.

    Voilà pour les centres de déportations en région Île de France ..

    Et ce n'est que pour l'Île de France et que pour les Prahda. Car Adoma est une grande entreprise française soutenu par l’État :

    
                Une société française ... détenu par des acteurs publics (État, SNI…)

     

    Adoma, naguère Société nationale de construction de logements pour les travailleurs (SONACOTRA), anciennement Société nationale de construction de logements pour les travailleurs algériens (SONACOTRAL), est une société d'économie mixte française dont le capital est détenu par des acteurs publics (État, SNI…) chargée de construire et gérer un grand nombre d'habitats à vocation sociale (foyers de travailleurs migrants, résidences sociales, pensions de famille, centres d'hébergement, centres d'accueil de demandeurs d'asile, aires d'accueil de gens du voyage, etc.), au total plus de 71 000 places de logement en France. Le 23 janvier 2007, la Sonacotra change de nom et devient « Adoma » (nom construit à partir du latin « ad » qui signifie vers et « domus », la maison).

     

    Et pourtant la prison est loin d'être la maison
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    Demandeurs d'asile soudanais. A côté de notre combat contre Dublin, pour eux comme pour la très grande majorité des demandeurs d'asile africains, maintenant se profile celui contre les procédures iniques de l'Ofpra et de la CNDA, si nous ne voulons pas que dans quelques semaines, quelques mois, nous ayons devant nous des hommes qui fuient le pire, le retour dans leur pays d'origine.

    Publié le 4 Novembre 2017 par lieb dans nous informons, Nous les soutenons, Les pays qu'il fuient, Ofpra

    Demandeurs d'asile soudanais. A côté de notre combat contre Dublin, pour eux comme pour la très grande majorité des demandeurs d'asile africains, maintenant se profile celui contre les procédures iniques de l'Ofpra et de la CNDA, si nous ne voulons pas que dans quelques semaines, quelques mois, nous ayons devant nous des hommes qui fuient le pire, le retour dans leur pays d'origine.
    Demandeurs soudanais devant la CNDA. 
    Décisions 2016.
    
    

    Source :     http://www.cnda.fr/content/download/84065/793919/version/2/file/CNDA%202016%20VF4-16.01.2017.pdf

     

     

    Femmes

     

    Demandes                                      72

    Réfugiées                                       19

    Protections subsidiaires                 13

    Décisions                                        32

     

    Pourcentage acceptation 44,4%

     

    Hommes

     

    Demandes                                     1 833

    Réfugiés                                           282

    Protections subsidiaires                   390        

    Décisions                                          672                           

     

    Pourcentage acceptation : 36,7%

     

     

    Total Soudan

     

    Demandes                                      1 905

    Réfugiés                                            301

    Protections subsidiaires                    403

    Décisions                                          704

     

    Pourcentage acceptation : 37%

    Quelques mots en préalable 
    à l'aube de ce nouvel hiver d'angoisse ....

    Nous accompagnons depuis juillet 2016, de nombreux demandeurs d'asile soudanais. Certains, nous les connaissons depuis plus d'un an. Et nous avons appris à les apprécier et à les respecter. Durant l'interminable hiver Dublin, ils avaient collectivement rédigé une lettre pour demander la protection de la France.

    Certains, Dublin, ont déjà dû fuir ou retourner, pour un petit nombre, en Italie. Ceux qui ont passé Dublin, sont maintenant devant l'Ofpra et la CNDA.

    Les statistiques de ces administrations iniques font peur, terriblement peur. Et les premiers refus de l'Ofpra conforte la peur.

    Ils sont tous différents, certains ne savent pas lire, d'autres ont été à l'université. L'un des demandeurs menacé conduisait un âne pour transporter les denrées et les hommes vers la frontière proche, un autre était conducteur d'engins et rêve de pouvoir reprendre son métier.

    Tous ensemble, le soir, nous avons partagé les sombres soirées d'hiver, mangé ensemble, bu le café soudanais aromatisé de cannelle, de cardamone et de gingembre, et nous nous sommes beaucoup tus, écrasés qu'ils étaient par l'angoisse.

    Aujourd'hui ces demandeurs sont menacés de retour au Soudan. A côté de notre combat contre Dublin, maintenant se profile celui contre les procédures iniques de l'Ofpra et de la CNDA, si nous ne voulons pas que dans quelques semaines, quelques mois, nous ayons devant nous des hommes qui fuient le pire, le retour dans leur pays d'origine.

    Un soir d'hiver, l'un des demandeurs d'asile disait la voix sourde "Je ne retournerai jamais dans mon pays".

    Pour eux, comme tous les demandeurs d'asile en procédure Ofpra, CNDA, que devons-nous faire pour que ce terrible risque ne se réalise pas?

    C'est ce nouveau combat qui nous attend ici, dans l'Yonne.

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    Les notes de l'Ofpra sur les pays des demandeurs d'asile d'Afrique

    Publié le 4 Novembre 2017 par lieb dans nous informons, Les pays qu'ils fuient, Les pays qu'il fuient, Ofpra

    A lire sur le site de l’Ofpra

    https://ofpra.gouv.fr/fr/l-ofpra/nos-publications/les-publications-de-l-ofpra

     

    Tchad

    DIDR, Tchad : Les manifestations estudiantines à N’Djamena du 9 mars 2015 et du 4 et 6 février 2016, Ofpra, 02/03/2017

    DIDR, Tchad : Les mariages forcés, Ofpr

     

    Soudan

    DIDR, Soudan / Soudan du sud: La question de la nationalité, Ofpra, 21/04/2017

    DIDR, Soudan: Les communautés Baggara du Sud-Kordofan, Ofpra, 21/03/2017

    DIDR, Soudan : La communauté chiite, Ofpra, 10/01/2017

    DIDR, Soudan : Le barrage de Merowe, Ofpra, 19/07/2016

    DIDR, Soudan : Les organisations étudiantes paramilitaires et la répression des manifestations étudiantes, Ofpra, 07/07/2016

    DIDR, Soudan : Le Parti démocratique unioniste (DUP), situation depuis 2011, Ofpra, 03/08/2016

    DIDR, Soudan : Les communautés Nouba au Sud-Kordofan, Ofpra, 30/06/2016

    DIDR, Soudan : implication de la milice progouvernementale des gardes-frontières dans les opérations de contre-insurrection au Darfour de 2008 à 2015, Ofpra, 01/08/2016

    DIDR, Soudan : Le Parti républicain soudanais, Ofpra, 11/07/2016

    DIDR, Soudan : Les mutilations génitales féminines, Ofpra, 14/11/2016

    DIDR, Note de synthèse, Soudan : Violations des droits de l’homme commises par le SLA, Ofpra, 07.01.2016

    DIDR, Note de synthèse, Soudan : Informations sur la tribu des sinyars (Darfour), Ofpra, 21.12.2015

     

    Somalie

    DIDR, Somalie : Actes terroristes et présence d’al-Shabaab au Somaliland depuis 2008, Ofpra, 17.05.2016

    DIDR, Note, Somalie : la piraterie somalienne, Ofpra, 04.08.2014

     

    Guinée

    DIDR, Guinée : Situation des enfants sorciers en Guinée forestière, Ofpra, 24/04/2017

    DIDR, Guinée : Les Forces Patriotiques pour la Démocratie et le Développement (FPDD), Ofpra, 20.04.2016

    DIDR, Note de synthèse, Guinée : Informations sur la section Motards de l'UFDG, Ofpra, 16.11.2015

     

    Erythrée

    DIDR, Note, Erythrée : Situation des Erythréens en exil au Soudan et en Ethiopie, Ofpra, 29.01.2015

    Sommaire

     

    Ethiopie

    DIDR, Ethiopie: Les mariages forcés, Ofpra, 22/02/2017

    DIDR, Ethiopie: Point de situation sur les manifestations oromo récentes et sur les expropriations en lien avec le "Master Plan", Ofpra, 29/11/2016

    DIDR, Ethiopie : Le service militaire, Ofpra, 21/10/2016

    DIDR, Ethiopie : Les Falashas,  Ofpra, 25.05.2016

    DIDR, Note de synthèse, Situation du Front populaire de libération du Tigré (FPLT) depuis le décès du Premier ministre Meles Zenawi (août 2012), Ofpra, 19.11.2015

    DIDR, Note, Ethiopie : Situation actuelle dans la province de Gambela, Ofpra, 23.10.2015

    DIDR, Note de synthèse, Ethiopie : le Front Patriotique du Peuple Ethiopien, Ofpra, 30.09.2015

    DIDR, Note, Ethiopie : les mouvements de protestation depuis 2011, Ofpra, 06.08.2015

    DIDR, Note, Ethiopie : point de situation sur les élections législatives de mai 2015, Ofpra, 22.07.

     

    Côte d'Ivoire

    DIDR, Côte d’Ivoire: Les groupes de "microbes" à Abidjan, Ofpra, 23/02/2017

    DIDR, Côte d’Ivoire: Les mutilations génitales féminines, Ofpra, 22/02/2017

    DIDR, Côte d’Ivoire : Le Groupement Patriotique pour la Paix (GPP), Ofpra, 12.05.2016

    OFPRA-CNDA, Rapport de mission en République de Côte d’Ivoire du 26 novembre au 7 décembre 2012

     

    Angola

    DIDR, Angola : Les mouvements révolutionnaires angolais depuis 2011, Ofpra, 22/02/2017

    DIDR, Angola : L'Eglise évangélique Sétimo Dia a Luz do Mundo, Ofpra, 10/11/2016

     

     

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    6 arrêtés d'expulsion annulés en une journée. Et pourquoi il ne faut pas lâcher, toujours être présents. Autant que nous le pouvons ...

    Publié le 30 Octobre 2017 par lieb dans Nous les soutenons, Dublin

    Lu sur le facebook du collectif sénonais de soutien aux migrants et aux réfugiés

     

    Et hop, 6 arrêtés d'expulsion annulés en une journée !

    Résumé :

    1- La semaine dernière, 12 personnes devaient recevoir leur arrêté de transfert vers le pays où elles ont laissé leurs empreintes, ce qui justifie d'après le règlement Dublin qu'on les y expulse.

    ...

    Pour des raisons diverses, 5 entretiens avec la préfecture n'ont pas pu avoir lieu.
    1 personne a décidé de ne pas faire appel.
    6 personnes ont donc reçu leur arrêté d'expulsion vers l'Italie et ont décidé de faire un recours.

    2- Vendredi dernier, une personne du collectif et une autre de RSM 89 ont accompagné ces 6 demandeurs d'asile au Tribunal Administratif de Dijon.
    Ce n'est pas la première fois que des personnes de nos organisations accompagnent les personnes au TA. Mais la distance et nos disponibilités ne nous le permettent pas toujours. Pourtant, c'est très important qu'elles y soient !

    Là, c'est avec deux voitures que nous nous sommes donc rendus au TA de Dijon pour les personnes puissent assister à leur audience... malheureusement sans interprète en oromo... car nous nous sommes organisés en urgence (comme souvent, vu les délais!) et nous avons sollicité le TA seulement le vendredi matin pour l'apres-midi... trop tard.

    Au tribunal, ça n'a duré que 15 minutes pour tous les 6 ! Car l'avocat des demandeurs d'asile a expliqué dès le début qu'il soulèverait presque les mêmes arguments pour les 6. Et l'avocat de la préfecture qu'il répondrait avec les mêmes arguments pour les 6.
    En effet, les six dossiers étaient quasiment identiques.

    3- Aujourd'hui, notre avocat nous envoie un mail :
    "J'ai le plaisir de vous informer que les six arrêtés concernant les personnes de nationalité éthiopienne ont tous été annulés par le Tribunal administratif pour le même motif : l'absence du guide et des brochures en Oromo."

    Eh oui, l'OFII, la préfecture, l'Etat ! Les personnes, pour être expulsées dans les règles, doivent avoir été informées au préalable des procédures et de leurs droits.

    Et leur donner les brochures dans une langue qu'elles ne comprennent pas, bin non, ce n'est pas leur donner accès à ces informations.

    Alors nous, aujourd'hui, on est très heureux pour nos amis !

    Et on se donne rendez-vous à la cour d'appel de Lyon ...
    Car deux jugements precedents du même TA avaient confirmé des expulsions alors que les personnes étaient exactement dans la même situation : les documents d'informations sur les procédures et leurs droits leur avaient été donnés dans une langue qu'elles ne comprenaient pas.
    Mais elles ont décidé de ne pas se laisser faire, et ont fait appel avec leur avocat à la Cour d'Appel de Lyon.

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    Un soir d'hiver, l'un des demandeurs d'asile soudanais disait la voix sourde : "Je ne retournerai jamais dans mon pays." Un document récent de Migreurop repris par le Gisti, la Cimade ... montre le danger que courent ces demandeurs d'asile, ici, en France ...

    Publié le 30 Octobre 2017 par lieb dans nous informons, Les pays qu'il fuient, Les pays qu'ils fuient, Ofpra

    Le café soudanais partagé ... aromatisé à la cannelle, la cardamone et au gingembre

    Le café soudanais partagé ... aromatisé à la cannelle, la cardamone et au gingembre

    Quelques mots en préalable.

    Nous accompagnons depuis juillet 2016, de nombreux demandeurs d'asile soudanais. Certains, nous les connaissons depuis plus d'un an. Et nous avons appris à les apprécier et à les respecter. Durant l'interminable hiver Dublin, ils avaient collectivement rédigé une lettre pour demander la protection de la France.

    Certains, Dublin, ont déjà dû fuir ou retourner, pour un petit nombre, en Italie. Ceux qui ont passé Dublin, sont maintenant devant l'Ofpra et la CNDA.

    Les statistiques de ces administrations iniques font peur, terriblement peur.

    Ils sont tous différents, certains ne savent pas lire, d'autres ont été à l'université. L'un des demandeurs menacé conduisait un âne pour transporter les denrées et les hommes vers la frontière proche, un autre était conducteur d'engins et rêve de pouvoir reprendre son métier.

    Tous ensemble, le soir, nous avons partagé les sombres soirées d'hiver, mangé ensemble, bu le café soudanais aromatisé de cannelle, de cardamone et de gingembre, et nous nous sommes beaucoup tus.

    Aujourd'hui ces demandeurs sont menacés de retour au Soudan. A côté de notre combat contre Dublin, maintenant se profile celui contre les procédures iniques de l'Ofpra et de la CNDA, si nous ne voulons pas que dans quelques semaines, quelques mois, nous ayons devant nous des hommes qui fuient le pire, le retour dans leur pays d'origine.

    Un soir d'hiver, l'un des demandeurs d'asile disait la voix sourde : je ne retournerai jamais dans mon pays.

    Que devons-nous faire pour que ce risque ne se réalise pas?

    L’Europe collabore avec un dictateur pour mieux expulser vers le Soudan

    http://www.gisti.org/spip.php?article5744

    Migreurop demande l’arrêt immédiat de toutes les collaborations initiées par l’Union européenne et ses Etats membres avec la dictature d’Omar El-Béchir et avec tout Etat qui bafoue les droits fondamentaux.

     

    Lorsqu’il s’agit d’expulser des étrangers jugés indésirables, rien ne semble devoir arrêter l’Union européenne (UE) et ses États membres qui n’hésitent pas à se compromettre avec Omar el-Béchir, le chef d’État du Soudan qui fait l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux pour génocide, crimes contre l’Humanité et crimes de guerre.

    Il y a longtemps que l’UE a fait le choix de sous-traiter à des pays tiers, sous couvert d’un partenariat inéquitable et avec des fonds issus du développement, la lutte contre l’immigration irrégulière et même la gestion de la demande d’asile. Ce processus d’externalisation, qui s’accompagne de la délocalisation de la surveillance des frontières européennes très en amont de leur matérialisation physique, a été encore renforcé à la suite de la si mal nommée « crise des réfugiés » [1].

    Ainsi, dans le cadre du Processus de Khartoum, initié par l’UE en 2014 et consolidé suite au Sommet de La Valette de fin 2015, les régimes les plus répressifs, tels que le Soudan et l’Erythrée – que des dizaines de milliers de demandeurs d’asile cherchent à fuir – bénéficient de subsides pour retenir leur population et « sécuriser » leurs frontières… sans que l’UE ne se préoccupe des atteintes dramatiques portées aux droits humains dans ces pays.

    Dans ce domaine, l’UE et les États membres agissent de concert. Ainsi, de nombreux pays européens n’hésitent pas à renvoyer vers Khartoum des ressortissants soudanais - peu importe qu’il puisse s’agir de demandeurs d’asile - et à collaborer avec les autorités locales pour faciliter ces expulsions. Dernièrement, c’est dans un parc bruxellois que des émissaires soudanais procédaient à l’identification de leurs nationaux en vue de leur retour forcé, semant la terreur parmi les personnes exilées qui y campaient [2].

    Si l’affaire a suscité de vives réactions, le gouvernement belge s’est retranché, pour se justifier, derrière l’exemple donné par ses voisins et continue de programmer des expulsions de ressortissants soudanais [3].

    En France, une coopération similaire existe ainsi depuis 2014 : des représentants de Khartoum auraient visité plusieurs centres de rétention pour identifier des ressortissants soudanais et faciliter leur renvoi [4]. Selon les chiffres dont disposent les associations qui interviennent dans les CRA français, 9 personnes auraient été renvoyées vers le Soudan depuis 2015 et environ 150 remises à l’Italie et exposées au risque d’un renvoi vers Khartoum depuis le territoire italien...

    Par ailleurs, des retours forcés vers le Soudan ont eu lieu depuis l’Allemagne, l’Italie et la Suède, grâce notamment à des accords de police bilatéraux, souvent publiés uniquement à la suite des pressions exercées par la société civile [5]. L’Italie, à l’avant-garde de la vision sécuritaire en matière de collaboration dans le domaine des migrations, a ainsi conclu en août 2016 un accord de coopération policière avec le Soudan, dans le cadre duquel 48 personnes, originaires du Darfour, ont été refoulées à Khartoum. Celles qui ont pu résister à leur renvoi depuis l’Italie ont demandé et obtenu une protection, tandis que cinq des personnes refoulées ont porté plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme [6].

    Ces accords et pratiques bafouent en effet toutes les obligations des pays européens en matière de respect des droits humains (droit d’asile, principe de non-refoulement, interdiction des expulsions collectives et des traitements inhumains et dégradants, droit à la vie, etc…) et révèlent le cynisme qui anime l’Union et les États-membres, prêts à tout pour refuser aux exilés l’accès au territoire européen.

    Il faut le dire et le répéter : toute forme de coopération avec les autorités soudanaises bafoue les obligations résultant du droit international et met en danger les personnes livrées par les autorités européennes au dictateur Omar el-Béchir. Le réseau Migreurop et ses membres demandent en conséquence l’arrêt immédiat des expulsions vers le Soudan et de toute démarche de coopération avec ce pays.

    Le 11 octobre 2017

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    Le Prahda - Bidonville d'Etat et centre d'expulsion.

    Publié le 28 Octobre 2017 par lieb dans Nous les soutenons, nous informons, Prahda

    Un Prahda ...

    Un Prahda ...

    Prahda d'Appoigny, bidonville d'Etat

     

    25 octobre 2017, il est 18 heures.

    Ce sont les vacances scolaires.

    Moins de huit jours que je ne suis pas allée au Prahda d'Appoigny.

    Et c'est une cour des miracles qui se montre à moi.

     

    Sur l'ancien parking du formule 1, plus d'une dizaine d'enfants court.

    Je n'en avais pas encore vu autant. Ils sont très, très  jeunes,

    3 ans, 5 ans?

    Les voitures passent sans cesse à grande vitesse sur l'ex-nationale 6.

     

    Il fait beau en ce soir d'octobre.

    Des femmes que je ne connais pas sont assises, droites, ensemble.

    Comme sur un tableau, presque figées.

    Des hommes, debout, que je ne connais pas, parlent ensemble.

    C'est irréaliste et pourtant réel.

     

    Une femme s'approche, elle me demande des Pampers.

    Beaucoup de demandeurs sont transférés, sans argent.

     

    84 personnes habitent maintenant en ce lieu. Me dit-on.

    Les 80 personnes dont on nous avait parlé aux premiers jours du Prahda!

    Compte-t-on les enfants portés par les femmes enceinte.

     

    Le plan est donc suivi inexorablement. Et nous n'avons pas su l'arrêter.

    L'Etat transfère et sait pourtant que les conditions sont inacceptables.

    Car les travaux qui auraient dû être faits, ne le sont pas.

    Et pourtant les transferts ont continué, jusqu'aux 84 places prévues.

     

    Ce Prahda n'est rien d'autre qu'un bidonville d'Etat.

    Tous ces hommes et ces femmes sont demandeurs d'asile

    Il ont le droit à une place décente en CAO ou en CADA.

     

    Prahda d'Appoigny, centre d'expulsion

     

    Pendant ce temps-là, le Prahda continue

    Sa sordide besogne d'expulsion.

     

    La préfecture continue à notifier au Prahda même.

    Sous la protection de la police.

     

    12 personnes devaient être notifiées dans une seule semaine,

    Quatre par jour. Une arithmétique bien carrée.

    Mais la machine s'est un tout petit peu enrayée,

    Ils ne réussiront qu'à notifier 6 personnes!

    Présence de la presse,

    Valse hésitation,

    Ah, l'expulser n'est pas un long fleuve tranquille.

     

    Mais le Prahda doit expulser.

    Les prochains demandeurs sont déjà arrivés au CAO d'Auxerre

    Venus des camps hidalgo.

    Enregistrés le 17 octobre à Paris, ils sont arrivés

    dans la foulée.

     

    Notre combat doit continuer

    Nous avons besoin de chacun.

    Rejoignez-nous.

     

    Pour des conditions décentes de vie des demandeurs d'asile

    Contre les expulsions.

    Dominique

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