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Demandeurs d'asile en 89

Plus de 150 demandeurs d'asile ont été amenés d'abord de Paris (La Chapelle, Jaurès, Stalingrad...) puis de Calais dans l'Yonne. Une grande majorité dépend de Dublin. Ils ont pris tous les risques et maintenant ils risquent le retour dans un pays où ils ont été enregistrés contre leur gré et où les conditions d'accueil ne sont pas acceptables. Lire dans la rubrique Pages : notre pétition, la lettre des demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre ... . Consulter les catégories : Paroles de demandeurs d'asile, Pays de non asile, Nous les soutenons, Nous informons, Chronique en 89, Prahda, Ofpra. Signer la pétition pour la régularisation : https://secure.avaaz.org/fr/community_petitions/emmanuel_macron_et_le_gouvernement_francais_france_regularisation_de_tous_les_sanspapiers/?txqxfqb&fbclid=IwAR2vLV1piiM2wCy8EP05vhzCNFk5iLL_tvPjntEgXI5yFb9Qk4kBBKrgprY

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Face à eux qui cherchent à vivre décemment, des pouvoirs CRI-MI-NELS.

Publié le 24 Novembre 2021 dans Dublin, Dépasser les limites de l'Yonne

Dessin d'Elisabeth

Dessin d'Elisabeth

Aux nouveaux morts de la Manche, à tous les morts

 

Durant les presque quatre années, où des demandeurs Dublin étaient parquéEs dans l'Yonne, cela est sans cesse revenu. Des demandeurs qui ne voulaient en aucun cas retourner dans le pays Dublin ou qui voulaient à tout prix gagner l'Angleterre.

Cette volonté, ils l'expliquaient clairement et elle a toujours été inébranlable, au-delà des dangers et des souffrances dont ils/elles savaient très bien l'existence.

 

Et puis un jour, ils/elles étaient partiEs, se soustrayant au parcage et affrontant sans aucun doute le pire. En entendant les morts d'aujourd'hui, se ravivent toujours et encore cette inquiétude pour ceux que nous connaissons et l'incommensurable tristesse pour ce que nos sociétés font vivre aux migrants et demandeurs d'asile.

 

A cela, le pouvoir dans tout les pays ne répond que par des conditions de non survie jusqu'à la mise en danger consciente de leur vie. Et la France se situe parmi les plus acharnés

Il n'y a pas d'illusion à se faire. Cela est sans fin, car cette société est fondée par essence sur l'oppression, l'exploitation, l'aliénation.

 

Ceci bien sûr ne nous empêche pas d'agir ici par tous les moyens individuels ou collectifs, comme nous le pouvons ...

 

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Le CAO d'Auxerre touché par la restructuration de "l'accueil" des demandeurs d'asile - Document, schéma régional d'accueil des demandeurs d'asile.

Publié le 9 Septembre 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, CNDA, Chronique en 89, Dublin, Dépasser les limites de l'Yonne, Nous les soutenons, nous analysons, nous informons

Dessins d'Elisabeth

Dessins d'Elisabeth

Le CAO d'Auxerre est en voie de disparition. Cela correspond d'une part à la régionalisation qui entraîne, vous le savez, l'examen de la demande des Dublin vers Besançon avec tous les aspects négatifs que le blog a souligné à plusieurs reprises, et à la transformation profonde des structures d'accueil.

 

Les grands perdants - les Dublin

 

Depuis  leur arrivée dans l'Yonne, en juin-juillet 2016, nous avons pu voir l'importance du travail de proximité. Si nous faisons le point pour les demandeurs Dublin, que nous avons pu aider d'une manière ou d'une autre, c'est bien parce que nous les côtoyions au quotidien, que nous avons pu leur apporter l'aide dont ils avaient besoin, souvent pour tout simplement faire valoir leurs droits. Maintenant, ils sont invisibilisés et le taux de reconduite explose.

 

Poursuivre l'accompagnement

 

Pour les autres demandeurs,  cela se traduit par le transfert des demandeurs en attente de réponse de l'OFPRA et de la CNDA vers les appartements ou des structures sur Auxerre, Joigny et vers Avallon ou Tonnerre. Cela rendra bien entendu l'accompagnement plus chronophage dans une période où il est particulièrement important, car certains demandeurs sont fragilisés par une très longue attente (un demandeur entame sa quatrième année depuis son arrivée à Villeblevin et n'a toujours pas sa convocation devant la CNDA!) ou en demande du fait de la proximité du rendez-vous (il est toujours important d'assurer la préparation de ce rendez-vous, et l'accompagnement physique pour les rendez-vous CNDA dans la mesure des possibilités).

 

Les demandeurs d'asile jeunes (ce qui signifie moins de 25 ans) ayant le statut ou la protection resteront sur place car ils n'ont pas de revenus, n'ayant pas le droit au RSA et plus le droit à l'ADA. Ils bénéficieront d'un accompagnement sur 9 mois en vue de trouver une formation, un emploi, un hébergement.

 

Pourront aussi rester les demandeurs reconnus comme vulnérables.

 

Vous trouvez ici le lien vers un document complet et explicite, trop long pour figurer sur le blog sur la situation dans notre région, et en particulier pour l'Yonne :

 

Région Bourgogne – Franche - Comté -   Schéma régional d’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés  -  2019 - 2020 :

 

http://bourgogne-franche-comte.drdjscs.gouv.fr/sites/bourgogne-franche-comte.drdjscs.gouv.fr/IMG/pdf/sradar_vf.pdf

 

Ici deux extraits :

 

. Transformation des capacités en CPH, CADA ou HUDA sachant que les places seront contingentées par l’administration centrale. 1.Toutes les places de CAO se transforment en HUDA, pour moitié en 2019 et pour moitié en 2020: cette orientation permet de maintenir les capacités globales d’accueil. Il s’agit d’opérer une rationalisation du parc d’hébergement d’urgence dont font partie les CAO et d’harmoniser les coûts de fonctionnement (passage de 24 € à un coût compris entre 15 et 16 € par jour) et les prestations. Ainsi les 553 places de CAO doivent se transformer en HUDA, ce qui devra s’opérer pour moitié en 2019 et pour moitié en 2020, chaque département ayant une cible de réduction de 50 % de son parc au 1erjuillet 2019. En 2019, ce sont 277 places de CAO qui devront être transformées en HUDA au 1erjuillet. Le reste des places de CAO verra son prix de journée baisser à 23

 

. Pour les réfugiés n’étant pas en capacité de sortir directement vers le logement autonome, le renforcement des capacités des Centres provisoires d’hébergement15 Instruction du 4 mars 2019 relative à l’accélération du relogement des personnes bénéficiaires d’une protection internationale

V10051924(CPH) permettra de fluidifier les sorties du DNA: 163 nouvelles places ontétécréées en2018, portantle parc à 301 places.En 2019, 87 places supplémentaires seront ouvertes pour porter la capacité régionale à 388. A noter que le centre d’accueil temporaire de réfugiés réinstallés de 50 places,créé en Côte d’Or en octobre 2018, sera transformé en CPH en automne 2019. Les 37 places restantes seront créées dans l’Yonne en 2019. Pour 2020, la priorité sera donnée au département ne disposant d’aucune place de CPH, à savoir le Territoire-de-Belfort. Cette solution d’hébergement permet aux réfugiés les moins autonomes de bénéficier d’un accompagnement renforcé avant d’accéder au logement, tout en fluidifiant les parcours au sein du parc d’hébergement pour demandeurs d’asile (DNA)

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Mesnil-Amelot. Pour alerter ... La Cimade décide d'une action exceptionnelle, se retirer pour alerter ...

Publié le 21 Juillet 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, nous informons, Dublin

Mesnil-Amelot. Pour alerter ... La Cimade décide d'une action exceptionnelle, se retirer pour alerter ...

Un demandeur qui revient en mémoire :

 

C'était il y a longtemps, plus de deux ans, le premier Dublin du CAO d'Auxerre que j'avais pu suivre et, ayant appris qu'il avait été arrêté, aller voir à Mesnil-Amelot. Visite, type parloir de prison, une mini-pièce, une table entre nous, la porte qui se referme derrière lui. La police et ses habituelles pratiques. Puis, peu après, très rapidement après, au CAO d'Auxerre, il était de nouveau là. Aidé par l'association, il avait pu être "relâché". Aujourd'hui, la Cimade a décidé une action unique. Se retirer pour alerter :

 

Gréve de la CIMADE au CRA de Mésnil Amelot !

 

Communiqué :
"Jeudi 11 juillet, après plusieurs jours d’une violence extrême, La Cimade a pris la décision de retirer ses équipes du centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot pour trois jours. La politique menée par le ministère de l’intérieur en rétention a des conséquences d’une extrême violence pour les personnes enfermées. Ces derniers jours, ces violences ont atteint un degré intenable : tentatives de suicide répétées, automutilations, enfermement en cellule d’isolement disciplinaire pour réprimer une grève de la faim, etc. Dans ce CRA, le plus gros centre de France, situé au pied des pistes de l’aéroport de Roissy en Seine-et-Marne, ces violences ne permettent plus aux équipes de La Cimade d’exercer leur mission d’accompagnement juridique dans de bonnes conditions. Ce retrait de trois jours intervient seulement deux semaines après la lettre envoyée au ministre de l’intérieur par La Cimade et 21 autres associations lui rappelant l’urgence de la situation en rétention et la nécessité notamment de prendre en charge les personnes atteintes de troubles psychiques graves. Sa réponse reçue cette semaine mentionne seulement que « la prise en charge psychologique des personnes retenues va faire l’objet d’un renforcement là où les besoins seront identifiés. » Le ministre ne semble pas comprendre l’ampleur du phénomène ni mesurer ses conséquences pour la vie et la santé des personnes enfermées sous sa responsabilité. Pour le reste, dans sa réponse, Christophe Castaner nie la violence de la politique du tout enfermement, la maltraitance institutionnelle de ces lieux de privation de liberté ainsi que les pratiques illégales des préfectures"

 

(Lu sur le facebook de Timothy Perkins)

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Un demandeur d'asile du CAO d'Auxerre, auparavant Dublin, débouté dans un pays qui expulse, a obtenu la semaine dernière la protection subsidiaire. L'occasion de dire l'importance du travail d'accompagnement et de dénoncer la régionalisation.

Publié le 6 Juillet 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, Dublin, CNDA, Nous les soutenons, nous informons, Ofpra

POUR QUE CELA N'ARRIVE PAS

POUR QUE CELA N'ARRIVE PAS

C'était il y a presque deux ans. Il arrive au CAO d'Auxerre, perdu, très déstabilisé. C 'est la grande époque des "mises à l'abri", en fait du triage en vue des expulsions Dublin. Heureusement, il est avec un autre demandeur afghan qui le soutiendra tout au long. Le premier travail sera d'être auprès de lui, attentif presque au jour le jour.

 

Vient la convocation pour le transfert. Pour une fois, nous sommes plusieurs à les accompagner. Les accompagner, car en fait ce jour-là ils sont quatre. C'est la grande machine infernale qui s'est mise en place. La préfecture convoque à tour de bras. 3 seulement passeront, il a la chance d'être entendu à la place d'un autre demandeur. Il faut aussi un brin de chance pour ne faire valoir que ses droits.

A l'époque, bien que peu nombreux, nous parvenons à ce qu'il fasse appel dans les malheureuses 48 heures chrono dont nous disposons. Tout a été préparé à l'avance, il ne reste qu'à envoyer le document d'aide juridictionnelle.

Nous l'accompagnons à Dijon. C'était important car ainsi les demandeurs peuvent voir de leurs yeux et entendre ce qui se passe au tribunal administratif. Il gagne son appel, mais le préfet conteste. Heureusement l'appel du préfet n'est pas suspensif. Mais commence alors une nouvelle longue attente. Puis le passage en procédure normale, puis une nouvelle attente pour la convocation Ofpra et encore une longue attente pour la réponse : protection subsidiaire. (Tout ce long temps, il passera par des périodes de grandes fragilité).

 

En ce moment, la protection est pratiquement toujours accordée du fait de la situation catastrophique qui règne dans sa région.

Bonne nouvelle donc enfin après tant de mois. Mais une constatation : le statut de réfugié n'est pratiquement jamais reconnu. Pour avoir lu les récits, pour certains on ne peut s'empêcher de penser que la protection est accordée pour ne surtout pas examiner les droits au statut.

 

Ce récit, pour dire, que seule la mobilisation auprès de ce demandeur a pu empêcher son expulsion. Seul le travail que nous pouvons engager peut permettre aux demandeurs de faire valoir leurs droits.

En effet, on le voit aujourd'hui avec la régionalisation. Comment les demandeurs peuvent-ils réellement les faire valoir en 48 heures.

 

Le dernier exemple de cette situation de non droit vient d'un autre demandeur afghan. En région parisienne, sans logement, il a eu la chance de venir voir des amis au CAO d'Auxerre qui n'ont eu de cesse que d'alerter sur sa situation. Alors un avocat a été trouvé, le dossier constitué. Et le jour de l'audience, il est apparu que ce demandeurs n'avait pas eu les documents dans sa langue et qu'il avait signé après avoir reçu ces documents alors qu'il ne comprenait pas du tout la langue dans laquelle ils étaient écrits.

Un témoignage de la hâte dans lequel se font les entretiens. Mais qui l'aurait su. S'il n'avait eu la chance qu'un avocat soit saisi dans les temps pour l'appel.

 

Notre action ne s'arrête donc pas avec la régionalisation pour les Dublin. Il faut combattre celle-ci. Et soutenir les demandeurs que nous rencontrons.

Le CAO d'Auxerre reste un lieu de transit pour des demandeurs Dublin : préparer les dossier, les accompagner dans leurs réflexions et dans leurs décisions. Voilà ce qui est possible.

Pour les demandeurs Ofpra et CNDA, il est essentiel d'examiner avec eux leur situation.

Pour tous, la présence et l'attention sont nécessaires tant les temps d'attente et d'angoisse sont longs et difficiles.

 

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Dans l'Yonne, aider les demandeurs d'asile ... Continuer désespérément

Publié le 8 Mai 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, Jaulges, Nous les soutenons, nous informons, Dublin, Ofpra, CNDA, Chronique en 89

Devant la CNDA. Dessin d'Elisabeth.

Devant la CNDA. Dessin d'Elisabeth.

Le printemps est là. Aussi triste pour nombre de demandeurs dans l'Yonne que les printemps, automnes, hivers et étés précédents, depuis trois ans, depuis l'arrivée, nombreuse, des demandeurs dans l'Yonne en juin 2016.

Et toujours devant nos yeux, des situations aussi désespérées.

 

Bien sûr, il y a eu la chance inouïe avec les élections en 2017, la grève de la SNCF et autres événements, de voir un nombre important de demandeurs Dublin passer en procédure normale et beaucoup obtenir le statut de réfugié au lieu de pourrir sur les trottoirs de l'Europe. Mais les derniers de ces demandeurs ont dû attendre près de deux ans et demi pour avoir ce statut qui leur était dû soit directement devant l'Ofpra, soit avec une nouvelle épreuve à la clé devant la CNDA. Pour certains, cela vient très tard, trop tard? Leur équilibre personnel a été ébranlé.

Bien sûr, certains travaillent (dur) et se forment quand ils ont de la chance et un peu d'aide de l'un ou l'autre. Mais beaucoup doivent se débrouiller seuls dans un pays du chômage et du mal logement qu'ils ne soupçonnaient pas malgré tout ce que nous pouvions dire.

Bien sûr il y a quelques bonnes nouvelles dernièrement, comme la protection portée pour certains à quatre ans cette année au lieu d'un an.

Jaulges,12 demandeurs, tous déboutés, ont été avertis dans le même temps qu'ils avaient à quitter le centre ... Symbole vivant et significatif de l'abandon dans lequel a vécu ce centre.

Jaulges,12 demandeurs, tous déboutés, ont été avertis dans le même temps qu'ils avaient à quitter le centre ... Symbole vivant et significatif de l'abandon dans lequel a vécu ce centre.

Mais dans l'Yonne ...

Il y a eu la machine infernale qui a permis d'expulser à la chaîne de février à juin 2018. Nous avons pu aider et obtenir quelques victoires prouvant qu'un engagement exceptionnel de notre part et une organisation serrée pouvaient au moins obtenir que les droits des demandeurs soient respectés, mais un autre centre Jaulges, est resté sans cette aide systématique et sans mobilisation, et les demandeurs ont dû pendant des années pour certains rester dans ce centre incroyablement indigne dont nous n'avons pas su, voulu (?) obtenir la fermeture. Et beaucoup de demandeurs ont dû s'enfuir sans avoir suffisamment d'attention et d'aide.

Et puis il y a eu l'agression mortelle d'un demandeur d'asile au CAO d'Auxerre dont Coallia et la police sont largement responsables. Mais nous aussi peut-être, tant nous avons été trop absents sur cette période. La présence n'empêche pas tous les drames mais un peu malgré tout. Et il aurait fallu que nous portions plainte. Une défense a pu être péniblement mise en place, ce qui correspond au droit fondamental de chacun à une défense. Elle devrait aussi pouvoir montrer la responsabilité du CAO et de la police.

 

Aujourd'hui ...

A Jaulges, 12 demandeurs, tous déboutés en France, ont été avertis dans le même temps qu'ils avaient à quitter le centre. Désespérés, ils ont appelé à l'aide tous ceux qu'ils pouvaient. Symbole vivant et significatif de l'abandon dans lequel a vécu ce centre.

Au CAO d'Auxerre, nous essayons toujours désespérément d'accompagner les demandeurs, tous les demandeurs. Ils sont 50 sur quatre étages. 30 devant l'Ofpra et la CNDA, qu'il faut aider pour leurs récits, et quelques Dublin. C'est un travail systématique et épuisant de tenter de n'oublier personne.

Des Dublin, il n'y en a pratiquement plus . Et quand ils sont là, ils sont en simple transit. Ils seront transférés dans la région de Besançon avec toutes les difficultés pour nous de les accompagner ainsi à distance. C'est une politique officielle voulue qu'il faudrait combattre. Rompre les liens de proximité, c'est ce qui est recherché par le pouvoir. Ces demandeurs, ce sont des Dublin Espagne ou Italie. Et aussi des déboutés dans d'autres pays dont nous savons la situation si dangereuse.   

 

Face à cette situation ...

Organiser un travail d'information générale sur le préjugé, contre les lois actuelles est utile, il aide aussi à se rencontrer pour s'organiser, à créer une autre conscience autour de nous. Organiser des cours est important, pour les demandeurs, cela est essentiel. Il en est de même pour les fêtes qui peuvent constituer un moment de rencontre.

Mais une mobilisation coordonnée et systématique pour aider les demandeurs à faire valoir leurs droits est indispensable. Décider de leur protection comme cela se fait dans d'autres départements, aussi. Nous organiser pour être présents partout et pour tous.

 

Cette mobilisation est possible, nous sommes nombreux. Mais c'est une décision, il faut vouloir mettre cela au centre de notre action. Ne pas le faire, alors que nous sommes les seuls à connaître concrètement leur situation et à pouvoir le faire, n'est pas, ne serait pas compréhensible.

 

Dans l'Yonne, aider les demandeurs d'asile ... Continuer désespérément
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Ce matin, huit heures, les derniers demandeurs Dublin quittent le CAO d'Auxerre pour Montbéliard. C'est la traduction dans notre département de la nouvelle politique d'expulsion. Ils seront notifiés à la chaine à la préfecture de région.

Publié le 19 Mars 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, Chronique en 89, Dublin, Nous les soutenons, Paroles de demandeurs d'asile, nous informons

Parole d'un demandeur d'asile Dublin, au printemps 2017, après le deuxième avion

Parole d'un demandeur d'asile Dublin, au printemps 2017, après le deuxième avion

Dernière soirée avec les derniers demandeurs Dublin du CAO d'Auxerre.

 

Parce que nous avons pu être présents auprès des Dublin de ce CAO depuis septembre 2016, nous avons pu les accompagner au mieux de nos forces.

- Face à la machine infernale qu'avait mis en place le pouvoir, de février à juin 2018, nous avions, parce que nous étions proches et attentifs, pu déposer les recours pour des demandeurs déboutés, et en gagner quelques-uns leur permettant ainsi de déposer leur demande en France et d'obtenir l'asile bien que déboutés ailleurs.

- Nous avions pu être présents par exemple auprès des Dublin Italie. Grâce à leur propre intelligence de la situation, et aux échanges d'information, certains ont entre-temps pu redéposer une demande et obtenir ... le statut de réfugiés.

- Nous avons pu aussi rester proches au quotidien de ces demandeurs dans un CAO où la politique de l'hébergeur était inexistante, hostile et indigne. Les accompagner par exemple dans l'attente interminable des dix mois de fin de Dublin (cela c'était à une autre époque, quand dépasser ce délai était encore possible).

- Rester attentifs à la situation des demandeurs revenus de pays Dublin mais sans aide matérielle.

 

Tout ceci, c'est ce que la nouvelle règlementation veut briser, le contact direct et personnel. Les demandeurs Dublin seront notifiés à la chaîne et les liens et les recours seront de plus en plus difficiles.

 

Les demandeurs transférés ce matin sont afghans.

Un des demandeurs, d'un certain âge, est d'une absolue timidité. Il est débouté en Autriche et lire la décision de refus est une épreuve tant elle révèle de racisme et de mépris. Il faut beaucoup de temps pour établir la relation avec lui. Même si, comme pour les autres DA, tout a été organisé pour déposer le recours, cela sera-t-il possible, aurons-nous le temps? Les avocats décrivent une situation de tension extrême devant le nombre de demandeurs.

Le deuxième demandeur devait être opéré rapidement d'une maladie cardiaque. Cela sera-t-il fait ou sera-t-il expulsé avant? Ce demandeur a passé trois jours en Allemagne où il a eu la malchance d'être enregistré. L'Allemagne a un taux de plus en plus faible d'acceptation de l'asile.

 

En partant le soir, je revois toutes ces soirées consacrées aux Dublin. La violence de ce lieu de non accueil, l'angoisse et l'attente, je revois aussi comme hier, l'extraordinaire solidarité des demandeurs entre eux, hier encore, ils ont permis une traduction précise et transmis avec conviction leur attention à la situation de ces demandeurs qui partaient sans aucun argent.

 

Pour ces derniers Dublin, a pu encore être mis en place dans ce court séjour tout ce que nous pouvions encore mettre en place avant leur départ : recherche d'un avocat, constitution du dossier, mise en place d'une communication à distance.

 

Cela sera-t-il suffisant?

 

 

 

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Le cruel "théâtre" du tribunal administratif de Melun. Pas un seul regard vers les demandeurs debouts sur le côté avec leur traducteur.

Publié le 2 Mars 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, Dublin

Le cruel "théâtre" du tribunal administratif de Melun. Pas un seul regard vers les demandeurs debouts sur le côté avec leur traducteur.

Au CAO d'Auxerre, il y a actuellement quatre demandeurs Dublin. Ils viennent de Seine-et-Marne. Deux autres demandeurs sont d'ailleurs arrivés la semaine dernière de ce même département. Une nouvelle lame de fond? A laquelle nous devrons faire face?

 

Un demandeur en urgence absolue

 

L'un de ces demandeurs était en urgence absolue. Transféré après sa notification, faire valoir ses droits fondamentaux à l'appel a été gravement menacé!! Il a fallu toute son énergie, la nôtre et celle de plusieurs avocats dont on souhaite saluer l'engagement, pour qu'il puisse déposer son recours et être représenté.

 

Cruel théâtre

 

Ce demandeur était convoqué à 9 h 30. Il y avait quatre affaires. L'audience n'a commencé qu'à 11 h 30. Responsable : l'avocat du préfet qui a produit des documents dans d'autres affaires  jusque juste avant l'heure d'audience prévue. Alors que c'est bien la préfecture qui organise les transferts.

Choc : deux demandeurs sont là, venus, menottés, du centre de rétention.

 

Le juge est un homme d'un certain âge, bon chic, bon genre, qui "semble" attentif. Mais ce qui frappe et qui dit tout : il n'a même jamais jeté un seul regard vers les demandeurs, placés symboliquement sur le côté avec leur traducteur. En fait, toutes les demandes seront brutalement rejetées. C'est apparemment systématiquement le cas dans cette région, en particulier avec ce juge. L'avocat du préfet s'est appuyé sur des décisions de Paris. L'avocat du demandeur a bien expliqué le risque sérieux de renvoi en Afghanistan, il a produit des jurisprudences allant dans ce sens. En vain. Nous avons gagné pourtant à Dijon sur des dossiers semblables en particulier pour le 2ème demandeur qui avait tous les documents prouvant son renvoi, dont l'obligation de quitter le territoire suédois.

 

Un demandeur arrivé à 14 ans en Suède, mineur isolé et à 18 ans débouté Suède

 

Sur place, nous avons fait connaissance d'un autre très jeune demandeur afghan. Arrivé en Europe, on lui a recommandé d'aller en Suède pour leur accueil des mineurs isolés! Il avait 14 ans. Il a suivi le collège, parle parfaitement suédois et bien entendu ... à 18 ans, il a été débouté du droit d'asile !! Conformément aux pratiques que nous connaissons de la Suède, le transfert vers l'Afghanistan est inéluctable en cas de retour forcé dans ce pays.

 

Concernant le demandeur du CAO, il est débouté Allemagne, qui renvoie vers l'Aghanistan et la décision est donc très grave pour lui aussi

 

Déboutés, l'avion vers l'Afghanistan ou la rue

 

Pour ces deux demandeurs vaut donc le risque absolu que nous dénoncions lors d'une de nos manifestations à Auxerre : l'avion vers l'Afghanistan ou la rue

 

Voilà, bien que l'on s'y attende toujours, le choc est toujours aussi grand.

Et notre sentiment de responsabilité toujours immense.

 

 

Le cruel "théâtre" du tribunal administratif de Melun. Pas un seul regard vers les demandeurs debouts sur le côté avec leur traducteur.
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Deux ans et demi de souffrances, pourquoi?... Aujourd'hui, un demandeur reçoit la réponse positive de la CNDA, une profonde joie mêlée d'angoisse.

Publié le 17 Février 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, CNDA, Dublin, Chronique en 89, Ofpra

Deux ans et demi de souffrances, pourquoi?...  Aujourd'hui, un demandeur reçoit la réponse positive de la CNDA, une profonde joie mêlée d'angoisse.

C'était en septembre 2016. J'arrivais au CAO d'Auxerre, rendant visite aux demandeurs d'asile transférés les uns après les autres de Sens à Auxerre.

Dans ce CAO, je faisais connaissance d'autres demandeurs, parmi eux, lui.

Durant 10 mois, nous partageons tous ensemble, les longues journées des Dublins, redoutant chaque jour la notification d'un transfert, les vols et la déclaration de fuite.

Durant ces dix mois, les demandeurs d'asile soudanais écrivent une lettre collective au préfet qui n'en tient pas compte. Pourtant, pratiquement tous ceux qui réussiront à passer en procédure normale, auront le statut de réfugié.

Il est l' un des derniers à être notifié avant la fin de ce délai qui lui aurait permis de passer en procédure normale. Désespéré, il se rend à Paris pour trouver un avocat. Il n'aura jamais de deuxième convocation. Avec les élections, les transferts s'arrêtent.

Commence alors la très longue attente du changement de procédure, puis de l'entretien avec l'Ofpra.

Un jour, il est transféré loin de ses amis, de nous. Dans une ville en déshérence. C'est le début pour lui d'un désespoir qui s'installe et qui ne le quitte plus.

Il perd à l'Ofpra : il a trop parlé disent-ils. Il dit, je n'ai pas pu m'expliquer.

Après huit mois d'attente, il passe à la CNDA. Il préfère y aller seul.

Aujourd'hui, il reçoit la réponse positive. Deux ans et six mois, une souffrance qui s'installe et aujourd'hui, une joie mêlée d'angoisse pour qui le soutient.

Deux ans et demi de souffrance. Pourquoi? Et surtout une question lancinante, pourra-t-il se reconstruire?

Deux ans et demi de souffrances, pourquoi?...  Aujourd'hui, un demandeur reçoit la réponse positive de la CNDA, une profonde joie mêlée d'angoisse.
Un appel de demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre

 

Lettre à l’intention des autorités françaises,

Des demandeurs d’asile soudanais d’Auxerre, janvier 2017

 

Avant la guerre civile, nous vivions tranquillement dans notre pays. Puis les guerres se sont déclenchées partout dans notre province du Darfour et nous sommes devenus les victimes à la fois du gouvernement et des milices armées, et jusqu’à ce jour nous n’avons pas trouvé la paix car, malgré tous les appels au secours que nous avons lancés, nous avons perdu nos familles, nos proches.

 

Nous avons dû quitter la terre de nos aïeux en laissant derrière nous tous nos biens, tout ce qui nous est cher pour trouver un endroit pour continuer à vivre comme des êtres humains et nous sommes parvenus en Libye avec l’espoir d’y trouver refuge, de pouvoir y vivre et y travailler.

 

Mais là-bas aussi, la vie s’est révélée impossible du fait de la guerre entre les milices qui n’ont aucun sens de l’humanité. La vie y était tellement terrible que même dire les souffrances que nous avons endurées nous est impossible.

 

Alors, nous avons tenté de venir en Europe où nous avions l’espoir de trouver protection, la possibilité de vivre, et le respect des droits de l’Homme dont nous avions toujours entendu parler.

 

Mais venir en Europe est très dangereux, il faut prendre des risques, parcourir plus d’un millier de kilomètres en barque. Nous n’avions donc qu’une alternative : soit rester en Libye dans ces terribles conditions, soit prendre le risque de traverser la Méditerranée avec des chances infimes de survie.

 

Nous avons décidé d’aller en Italie. Après une dizaine d’heures de navigation, où nous avons frôlé la mort, nous avons été récupérés par les équipes de sauvetage et emmenés dans des camps. Mais là, nous avons été battus et privés de nourriture parce que nous refusions de donner nos empreintes !

 

Du fait de cette attitude de l’Italie envers nous, nous ne pouvions imaginer quel avenir nous aurions dans ce pays et pouvoir y trouver la protection et la vie que nous recherchions, c’est pourquoi nous avons décidé de nouveau de partir vers un autre pays qui serait certainement mieux pour nous, et ce pays était pour nous la France.

Après plusieurs tentatives, nous sommes parvenus sur le sol français, espérant y trouver la protection et la possibilité de vivre. La France nous a bien acceptés et beaucoup aidés et nous avons retrouvé ici des gens de tous les pays d’Afrique.

 

Nous avons effectué toutes les démarches nécessaires pour bénéficier de l’asile et pendant ces sept mois d’attente, nous avons fait tout notre possible pour apprendre le français, dans des conditions difficiles, sans activité et sans accompagnement.

Alors, nous avons été désespérés par la décision de nous renvoyer en Italie alors même que nos empreintes y avaient été prises de  force.

 

Nous demandons la protection de la France. Nous espérons que l’Etat réexaminera nos dossiers et nous viendra en aide.

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CAO d'Auxerre. Changement d'ambiance, et permanence de la politique d'expulsion et de refus d'asile.

Publié le 15 Février 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, CNDA, Dublin, Jaulges, Nous les soutenons, Ofpra, Prahda, nous informons

CAO d'Auxerre. Changement d'ambiance, et permanence de la politique d'expulsion et de refus d'asile.

Une impression? Y aurait-il un peu plus d'humanité et de respect?

Article mis à jour le 15.02.2019

Une salle de sport est mise depuis un mois à la disposition des demandeurs. Après toutes ces années passées sans rien pour "humaniser" les interminables mois d'attente ... Un meilleur accueil, les anciens travailleurs sociaux ont été éloignés (seulement déplacés). Il aura fallu pour cela la mort d'un demandeur où la responsabilité de Coallia est profondément engagée. Et la révélation des conditions inadmissibles qui régnaient dans ce CAO, conditions que "les autorités" n'ont pas pu ignorer plus longtemps.

Rappelons qu'une plainte de personnes et associations serait plus que nécessaire pour que ne soit pas enterré ce terrible fait et que les conditions de non accueil puissent être dénoncées à Auxerre, mais aussi à Jaulges et Appoigny

Quant à la politique d'expulsion, elle est toujours à l’œuvre dans le département : quatre demandeurs ont été arrêtés au petit matin et expulsés ces dernières semaines. C'étaient les derniers Dublin présents.

Et apparemment le département est toujours aussi apprécié des expulseurs : quatre demandeurs Dublin, tous quatre Afghans, tous quatre déboutés en Allemagne, sont arrivés lundi 4 février. L'un d'eux, en urgence absolue, est déjà notifié en Seine et Marne et donc expulsable, un appel est possible, mais bien difficile, on s'imagine, à organiser de l'Yonne en si peu de temps.

Toujours le même respect des droits des demandeurs! Et la même pression pour nous, le même désespoir pour eux.

Sinon, il y a un grand nombre de demandeurs devant l'Ofpra ou la CNDA.  Comme Coallia apportait une aide plus que minimale, l'accompagnement est vital. Et ils sont actuellement plus de 20.

Un travail de Titan et angoissant, qui ne s'arrête jamais.

 

 

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Janvier 2019. Rendre visite régulièrement au CAO d'Auxerre, c'est ...

Publié le 1 Février 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, Dublin

Janvier 2019. Rendre visite régulièrement au CAO d'Auxerre, c'est ...

Cet article a été modifié, étant donné la transformation profonde des relations instaurées depuis début 2019 par le personnel avec les demandeurs d'asile, transformations dont nous sommes témoins  au quotidien après cette triste période. Nous tenons à rendre hommage au travail des personnes actuellement en place.

Rendre visite aux demandeurs du CAO d'Auxerre

Rendre visite régulièrement au CAO d'Auxerre, c'est repartir bouleversé(e) devant les situations individuelles,  et l’écœurement devant la politique du refus d'asile, pour les Dublin, les DA devant l'Ofpra, la CNDA.

Rendre visite au CAO d'Auxerre, c'est aller d'étage en étage pour tenter de faire le point avec chacun et essayer de ne négliger personne :

. Découvrir qu'à un étage, les demandeurs se battent depuis des mois contre ce qui est certainement des punaises de lit et qui empêchent tout sommeil,

. Avoir la bonne surprise de voir que les trois demandeurs "accueillis" de l'Aquarius ont leurs papiers de 10 ans et imaginer ce qu'ils auraient vécu s'ils étaient arrivés comme les autres DA, montrant ainsi qu'une autre politique de l'asile est possible et rendant encore plus amers les refus et les expulsions des Dublin.

. C'est apprendre que la police est intervenue le matin même de votre visite, pour expulser un jeune demandeur, qui nous avait tant touchés par sa volonté d'apprendre, sa maturité et sa gentillesse.

. Et ressentir, le choc ressenti par les trois demandeurs qui partageaient la chambre. A l'arrivée, la chambre est plongée dans un noir profond, tout le monde tente de dormir pour échapper au choc.

. C'est apprendre le même jour, les refus Ofpra pour deux demandeurs.

. C'est partager un moment de télévision avec un demandeur qui attend et attend sa convocation à la CNDA.

. C'est entendre la demande pressante de plusieurs demandeurs de pouvoir être transférés à tout prix dans un autre centre. Et pour certains, la demande de rencontrer un psychologue après qu'ils ont été témoins de l'agression mortelle en décembre. Mais là, pas de cellule psychologique, même pas au moment de l'agression

Après la terrible période de février à juin 2018, dont peu ont pris la mesure même parmi les personnes mobilisées : cette volonté acharnée de terminer avant l'entrée en juillet les décisions de transferts et les expulsions qui a touché des dizaines et des dizaines demandeurs raflés et transférés dans le département, depuis septembre, beaucoup d'interrogations sur la politique en cours pour les demandeurs d'asile.

En effet, peu de personnes Dublin arrivent. Est-ce dans le département, le calme relatif avant une nouvelle tempête. Quelle politique le pouvoir a-t-il décidé pour les Dublin.

Les évacuations de La Chapelle de ce mois de janvier nous donneront-elles une réponse?

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