Dernière soirée avec les derniers demandeurs Dublin du CAO d'Auxerre.
Parce que nous avons pu être présents auprès des Dublin de ce CAO depuis septembre 2016, nous avons pu les accompagner au mieux de nos forces.
- Face à la machine infernale qu'avait mis en place le pouvoir, de février à juin 2018, nous avions, parce que nous étions proches et attentifs, pu déposer les recours pour des demandeurs déboutés, et en gagner quelques-uns leur permettant ainsi de déposer leur demande en France et d'obtenir l'asile bien que déboutés ailleurs.
- Nous avions pu être présents par exemple auprès des Dublin Italie. Grâce à leur propre intelligence de la situation, et aux échanges d'information, certains ont entre-temps pu redéposer une demande et obtenir ... le statut de réfugiés.
- Nous avons pu aussi rester proches au quotidien de ces demandeurs dans un CAO où la politique de l'hébergeur était inexistante, hostile et indigne. Les accompagner par exemple dans l'attente interminable des dix mois de fin de Dublin (cela c'était à une autre époque, quand dépasser ce délai était encore possible).
- Rester attentifs à la situation des demandeurs revenus de pays Dublin mais sans aide matérielle.
Tout ceci, c'est ce que la nouvelle règlementation veut briser, le contact direct et personnel. Les demandeurs Dublin seront notifiés à la chaîne et les liens et les recours seront de plus en plus difficiles.
Les demandeurs transférés ce matin sont afghans.
Un des demandeurs, d'un certain âge, est d'une absolue timidité. Il est débouté en Autriche et lire la décision de refus est une épreuve tant elle révèle de racisme et de mépris. Il faut beaucoup de temps pour établir la relation avec lui. Même si, comme pour les autres DA, tout a été organisé pour déposer le recours, cela sera-t-il possible, aurons-nous le temps? Les avocats décrivent une situation de tension extrême devant le nombre de demandeurs.
Le deuxième demandeur devait être opéré rapidement d'une maladie cardiaque. Cela sera-t-il fait ou sera-t-il expulsé avant? Ce demandeur a passé trois jours en Allemagne où il a eu la malchance d'être enregistré. L'Allemagne a un taux de plus en plus faible d'acceptation de l'asile.
En partant le soir, je revois toutes ces soirées consacrées aux Dublin. La violence de ce lieu de non accueil, l'angoisse et l'attente, je revois aussi comme hier, l'extraordinaire solidarité des demandeurs entre eux, hier encore, ils ont permis une traduction précise et transmis avec conviction leur attention à la situation de ces demandeurs qui partaient sans aucun argent.
Pour ces derniers Dublin, a pu encore être mis en place dans ce court séjour tout ce que nous pouvions encore mettre en place avant leur départ : recherche d'un avocat, constitution du dossier, mise en place d'une communication à distance.
Cela sera-t-il suffisant?