Des demandeurs d’asile de l’Yonne ont lancé un appel aux autorités. Soudanais, ils relèvent de la Convention de Dublin qui prévoit leur reconduite dans le pays où ils ont été enregistrés sous la contrainte et souvent par la force. Dans cet appel, ils expliquent ce qui les a amenés à quitter le Darfour en proie aux pires atrocités depuis 2003, les conditions à proprement parler « indicibles » qu’ils ont connues en Libye, leur dangereuse traversée de la Méditerranée et pourquoi ils ont décidé de partir d’Italie où ils avaient dû donner leurs empreintes et choisi au prix de grandes difficultés de rejoindre la France.
Transférés en bus entier depuis juillet dans l’Yonne sous prétexte de « mise à l’abri », ils ont d’abord connu souvent les hébergements d’urgence, comme le F1 de Sens, puis les Centres d’accueil et d’hébergement à Auxerre, Vergigny. Ces centres fonctionnent comme des centres de tri : les demandeurs relevant de la Convention restent dans les CAO, les autres partent dans des Centres d’accueil de demandeurs d’asile, les CADA. S’ils quittent les CAO, ils sont considérés comme illégaux.
Alors, l’ambiance dans le CAO d’Auxerre est marquée par l’attente, les contrôles, le désespoir. Car tous les jours, les demandeurs attendent l’annonce de la venue de la police qui leur apportera une convocation pour notification de remise aux autorités du pays d’enregistrement. C’est le CAO qui les informe et les transfère dans d’autres chambres dans l’attente de l’arrivée de la police. La convocation qui leur est remise alors indique expressément qu’ils pourront être emmenés directement en centre de rétention. Une autre décision peut être prise : l’assignation à résidence, signature au commissariat, délai pour organiser son départ. Mais ce délai peut être écourté lui aussi à tout moment.
C’est à Auxerre dans ces conditions que cette lettre est née. Depuis que les menaces d’application de la Convention de Dublin se sont précisées touchant des demandeurs afghans et soudanais du foyer et certainement d’autres. Depuis, ces demandeurs d’asile ne dorment pas, ils réfléchissent sans cesse à ce qu’ils doivent faire lorsque la convocation pour notification arrivera. Alors un soir, ils ont annoncé la volonté d’écrire ensemble cette lettre. Elle est leur parole, leur témoignage mais surtout un appel aux autorités, car l’application de la Convention n’est pas une fatalité.
Cette lettre est aussi un appel aux citoyens, aux associations à soutenir leur demande. Elle a pu être remise en mains propres à la secrétaire générale de la préfecture lundi 13 février. Elle sera remise à la presse ce mercredi 22 février à 18 heures. Un rassemblement d’information est prévu devant les locaux de l’Yonne Républicaine à Sens dans le même temps permettant de montrer notre inquiétude et notre solidarité. Merci à chacun de se joindre à cette initiative.
21 février 2017