Chronique d'un triste foyer - chronique de départs annoncés - Dublin, l'injuste convention (1)
Cette chronique reprend dans l'inverse chronologique des moments d'écriture du quotidien des demandeurs d'asile relevant de Dublin
Le 22 juillet, des demandeurs d'asile arrivent à Sens dans le 89. En septembre, ils sont transférés à Auxerre, dans un triste foyer. Le premier accueil de nous qui les avons accompagnés est glacial et glaçant : les premiers mots, d'un "assistant social" restent gravés:
"Vous ne les connaissez pas!"
"Et de toute façon, ils vont tous partir."
Ces mots gravés dans la mémoire, ressurgissent en ce jeudi de fin du mois de mars 2017 quand s'écrivent ces lignes.
Fin de l'histoire!
Fin de l'histoire?
C'était jeudi le soir, très tard
La nuit même
La soirée s'était allongée
De cours de français sur demande
A repas du soir collectif
A café soudanais
aromatisé de cannelle,
cardamone et gingembre
A conversations décousues
Avec l'un, avec l'autre.
Avec l'un sur l'inquiétude pour sa santé
Le foyer lui disant qu'il devait attendre une
carte vitale alors qu'il possédait l'attestation sécu/cmu
Et dans la nuit,
doucement l'un des demandeurs d'asile
dit : mon attestation se termine là. Et il
ajoute: ... fin de l'histoire!
Ces mots résonnent aujourd'hui
Alors qu'un SMS de lui m'avertissait ce matin.
"J'attends les policiers
et peut-être qu'ils viendront chez moi me chercher".
Les pensées noires du dimanche soir
se sont donc concrétisées.
Celles qui succèdent au soulagement
de la semaine passée sans notification.
Et ce demandeur qui au foyer
est connu pour sa réflexion, son calme,
sa volonté attend aujourd'hui
son renvoi dans un vrai désespoir.
Fin de l'histoire!
Fin de l'histoire?
Pouvons-nous nous résoudre à cette fin
Rester sans rien faire, manifester, dire.
Il est le premier d'une nouvelle longue liste
promise par le préfet.
Arrivés en juin, à quelques semaines de la
possibilité de pouvoir voir sa demande examiner ici,
Ils viennent les chercher ... un par un.
Fin de l'histoire?
D.