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Demandeurs d'asile en 89

Plus de 150 demandeurs d'asile ont été amenés d'abord de Paris (La Chapelle, Jaurès, Stalingrad...) puis de Calais dans l'Yonne. Une grande majorité dépend de Dublin. Ils ont pris tous les risques et maintenant ils risquent le retour dans un pays où ils ont été enregistrés contre leur gré et où les conditions d'accueil ne sont pas acceptables. Lire dans la rubrique Pages : notre pétition, la lettre des demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre ... . Consulter les catégories : Paroles de demandeurs d'asile, Pays de non asile, Nous les soutenons, Nous informons, Chronique en 89, Prahda, Ofpra. Signer la pétition pour la régularisation : https://secure.avaaz.org/fr/community_petitions/emmanuel_macron_et_le_gouvernement_francais_france_regularisation_de_tous_les_sanspapiers/?txqxfqb&fbclid=IwAR2vLV1piiM2wCy8EP05vhzCNFk5iLL_tvPjntEgXI5yFb9Qk4kBBKrgprY

chronique en 89

Dans l'Yonne, aider les demandeurs d'asile ... Continuer désespérément

Publié le 8 Mai 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, Jaulges, Nous les soutenons, nous informons, Dublin, Ofpra, CNDA, Chronique en 89

Devant la CNDA. Dessin d'Elisabeth.

Devant la CNDA. Dessin d'Elisabeth.

Le printemps est là. Aussi triste pour nombre de demandeurs dans l'Yonne que les printemps, automnes, hivers et étés précédents, depuis trois ans, depuis l'arrivée, nombreuse, des demandeurs dans l'Yonne en juin 2016.

Et toujours devant nos yeux, des situations aussi désespérées.

 

Bien sûr, il y a eu la chance inouïe avec les élections en 2017, la grève de la SNCF et autres événements, de voir un nombre important de demandeurs Dublin passer en procédure normale et beaucoup obtenir le statut de réfugié au lieu de pourrir sur les trottoirs de l'Europe. Mais les derniers de ces demandeurs ont dû attendre près de deux ans et demi pour avoir ce statut qui leur était dû soit directement devant l'Ofpra, soit avec une nouvelle épreuve à la clé devant la CNDA. Pour certains, cela vient très tard, trop tard? Leur équilibre personnel a été ébranlé.

Bien sûr, certains travaillent (dur) et se forment quand ils ont de la chance et un peu d'aide de l'un ou l'autre. Mais beaucoup doivent se débrouiller seuls dans un pays du chômage et du mal logement qu'ils ne soupçonnaient pas malgré tout ce que nous pouvions dire.

Bien sûr il y a quelques bonnes nouvelles dernièrement, comme la protection portée pour certains à quatre ans cette année au lieu d'un an.

Jaulges,12 demandeurs, tous déboutés, ont été avertis dans le même temps qu'ils avaient à quitter le centre ... Symbole vivant et significatif de l'abandon dans lequel a vécu ce centre.

Jaulges,12 demandeurs, tous déboutés, ont été avertis dans le même temps qu'ils avaient à quitter le centre ... Symbole vivant et significatif de l'abandon dans lequel a vécu ce centre.

Mais dans l'Yonne ...

Il y a eu la machine infernale qui a permis d'expulser à la chaîne de février à juin 2018. Nous avons pu aider et obtenir quelques victoires prouvant qu'un engagement exceptionnel de notre part et une organisation serrée pouvaient au moins obtenir que les droits des demandeurs soient respectés, mais un autre centre Jaulges, est resté sans cette aide systématique et sans mobilisation, et les demandeurs ont dû pendant des années pour certains rester dans ce centre incroyablement indigne dont nous n'avons pas su, voulu (?) obtenir la fermeture. Et beaucoup de demandeurs ont dû s'enfuir sans avoir suffisamment d'attention et d'aide.

Et puis il y a eu l'agression mortelle d'un demandeur d'asile au CAO d'Auxerre dont Coallia et la police sont largement responsables. Mais nous aussi peut-être, tant nous avons été trop absents sur cette période. La présence n'empêche pas tous les drames mais un peu malgré tout. Et il aurait fallu que nous portions plainte. Une défense a pu être péniblement mise en place, ce qui correspond au droit fondamental de chacun à une défense. Elle devrait aussi pouvoir montrer la responsabilité du CAO et de la police.

 

Aujourd'hui ...

A Jaulges, 12 demandeurs, tous déboutés en France, ont été avertis dans le même temps qu'ils avaient à quitter le centre. Désespérés, ils ont appelé à l'aide tous ceux qu'ils pouvaient. Symbole vivant et significatif de l'abandon dans lequel a vécu ce centre.

Au CAO d'Auxerre, nous essayons toujours désespérément d'accompagner les demandeurs, tous les demandeurs. Ils sont 50 sur quatre étages. 30 devant l'Ofpra et la CNDA, qu'il faut aider pour leurs récits, et quelques Dublin. C'est un travail systématique et épuisant de tenter de n'oublier personne.

Des Dublin, il n'y en a pratiquement plus . Et quand ils sont là, ils sont en simple transit. Ils seront transférés dans la région de Besançon avec toutes les difficultés pour nous de les accompagner ainsi à distance. C'est une politique officielle voulue qu'il faudrait combattre. Rompre les liens de proximité, c'est ce qui est recherché par le pouvoir. Ces demandeurs, ce sont des Dublin Espagne ou Italie. Et aussi des déboutés dans d'autres pays dont nous savons la situation si dangereuse.   

 

Face à cette situation ...

Organiser un travail d'information générale sur le préjugé, contre les lois actuelles est utile, il aide aussi à se rencontrer pour s'organiser, à créer une autre conscience autour de nous. Organiser des cours est important, pour les demandeurs, cela est essentiel. Il en est de même pour les fêtes qui peuvent constituer un moment de rencontre.

Mais une mobilisation coordonnée et systématique pour aider les demandeurs à faire valoir leurs droits est indispensable. Décider de leur protection comme cela se fait dans d'autres départements, aussi. Nous organiser pour être présents partout et pour tous.

 

Cette mobilisation est possible, nous sommes nombreux. Mais c'est une décision, il faut vouloir mettre cela au centre de notre action. Ne pas le faire, alors que nous sommes les seuls à connaître concrètement leur situation et à pouvoir le faire, n'est pas, ne serait pas compréhensible.

 

Dans l'Yonne, aider les demandeurs d'asile ... Continuer désespérément
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Ce matin, huit heures, les derniers demandeurs Dublin quittent le CAO d'Auxerre pour Montbéliard. C'est la traduction dans notre département de la nouvelle politique d'expulsion. Ils seront notifiés à la chaine à la préfecture de région.

Publié le 19 Mars 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, Chronique en 89, Dublin, Nous les soutenons, Paroles de demandeurs d'asile, nous informons

Parole d'un demandeur d'asile Dublin, au printemps 2017, après le deuxième avion

Parole d'un demandeur d'asile Dublin, au printemps 2017, après le deuxième avion

Dernière soirée avec les derniers demandeurs Dublin du CAO d'Auxerre.

 

Parce que nous avons pu être présents auprès des Dublin de ce CAO depuis septembre 2016, nous avons pu les accompagner au mieux de nos forces.

- Face à la machine infernale qu'avait mis en place le pouvoir, de février à juin 2018, nous avions, parce que nous étions proches et attentifs, pu déposer les recours pour des demandeurs déboutés, et en gagner quelques-uns leur permettant ainsi de déposer leur demande en France et d'obtenir l'asile bien que déboutés ailleurs.

- Nous avions pu être présents par exemple auprès des Dublin Italie. Grâce à leur propre intelligence de la situation, et aux échanges d'information, certains ont entre-temps pu redéposer une demande et obtenir ... le statut de réfugiés.

- Nous avons pu aussi rester proches au quotidien de ces demandeurs dans un CAO où la politique de l'hébergeur était inexistante, hostile et indigne. Les accompagner par exemple dans l'attente interminable des dix mois de fin de Dublin (cela c'était à une autre époque, quand dépasser ce délai était encore possible).

- Rester attentifs à la situation des demandeurs revenus de pays Dublin mais sans aide matérielle.

 

Tout ceci, c'est ce que la nouvelle règlementation veut briser, le contact direct et personnel. Les demandeurs Dublin seront notifiés à la chaîne et les liens et les recours seront de plus en plus difficiles.

 

Les demandeurs transférés ce matin sont afghans.

Un des demandeurs, d'un certain âge, est d'une absolue timidité. Il est débouté en Autriche et lire la décision de refus est une épreuve tant elle révèle de racisme et de mépris. Il faut beaucoup de temps pour établir la relation avec lui. Même si, comme pour les autres DA, tout a été organisé pour déposer le recours, cela sera-t-il possible, aurons-nous le temps? Les avocats décrivent une situation de tension extrême devant le nombre de demandeurs.

Le deuxième demandeur devait être opéré rapidement d'une maladie cardiaque. Cela sera-t-il fait ou sera-t-il expulsé avant? Ce demandeur a passé trois jours en Allemagne où il a eu la malchance d'être enregistré. L'Allemagne a un taux de plus en plus faible d'acceptation de l'asile.

 

En partant le soir, je revois toutes ces soirées consacrées aux Dublin. La violence de ce lieu de non accueil, l'angoisse et l'attente, je revois aussi comme hier, l'extraordinaire solidarité des demandeurs entre eux, hier encore, ils ont permis une traduction précise et transmis avec conviction leur attention à la situation de ces demandeurs qui partaient sans aucun argent.

 

Pour ces derniers Dublin, a pu encore être mis en place dans ce court séjour tout ce que nous pouvions encore mettre en place avant leur départ : recherche d'un avocat, constitution du dossier, mise en place d'une communication à distance.

 

Cela sera-t-il suffisant?

 

 

 

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CAO d'Auxerre - Des matelas par terre, des lits doubles descendus. Des affaires des demandeurs partout. Les casiers pour la nourriture envahis par les aliments des uns et des autres.Des conditions inadmissibles et pourtant évitables.

Publié le 1 Mars 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, Chronique en 89

CAO d'Auxerre - Des matelas par terre, des lits doubles descendus. Des affaires des demandeurs partout. Les casiers pour la nourriture envahis par les aliments des uns et des autres.Des conditions inadmissibles et pourtant évitables.

Visite jeudi! Deuxième étage.

 

Des matelas par terre, des lits doubles descendus. Des affaires des demandeurs partout. Les casiers pour la nourriture envahis par les aliments des uns et des autres.

Des demandeurs arrivés depuis peu qui ne comprennent à ce qui se passe, des demandeurs qui sont convoqués sous peu à la CNDA ou l'Ofpra qui ont besoin de se préparer, des demandeurs fragilisés psychologiquement par des mois d'attente, des demandeurs qui travaillent. Tous "pêle-mêle", comment dire autrement dans les quatre chambres de l'étage.

Et une tension tout à fait logique en ce début de soirée qu'il faut apaiser.

 

Ok. Après l'agression mortelle, et leur responsabilité, le CAO rénove enfin. Ils vont faire des chambres à deux lits.

Mais alors pourquoi avoir accepté depuis janvier de nouveaux demandeurs venus en grande partie de Seine et Marne. Ce projet de rénovation ne s'est pas fait en un jour.

De plus, comme ce sont les vacances, il n'y a qu'une personne de Coallia présente et personne en début de soirée.

 

De nouveau, l'inadmissible qui était évitable!

 

 

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Deux ans et demi de souffrances, pourquoi?... Aujourd'hui, un demandeur reçoit la réponse positive de la CNDA, une profonde joie mêlée d'angoisse.

Publié le 17 Février 2019 par lieb dans CAO Coallia Auxerre, CNDA, Dublin, Chronique en 89, Ofpra

Deux ans et demi de souffrances, pourquoi?...  Aujourd'hui, un demandeur reçoit la réponse positive de la CNDA, une profonde joie mêlée d'angoisse.

C'était en septembre 2016. J'arrivais au CAO d'Auxerre, rendant visite aux demandeurs d'asile transférés les uns après les autres de Sens à Auxerre.

Dans ce CAO, je faisais connaissance d'autres demandeurs, parmi eux, lui.

Durant 10 mois, nous partageons tous ensemble, les longues journées des Dublins, redoutant chaque jour la notification d'un transfert, les vols et la déclaration de fuite.

Durant ces dix mois, les demandeurs d'asile soudanais écrivent une lettre collective au préfet qui n'en tient pas compte. Pourtant, pratiquement tous ceux qui réussiront à passer en procédure normale, auront le statut de réfugié.

Il est l' un des derniers à être notifié avant la fin de ce délai qui lui aurait permis de passer en procédure normale. Désespéré, il se rend à Paris pour trouver un avocat. Il n'aura jamais de deuxième convocation. Avec les élections, les transferts s'arrêtent.

Commence alors la très longue attente du changement de procédure, puis de l'entretien avec l'Ofpra.

Un jour, il est transféré loin de ses amis, de nous. Dans une ville en déshérence. C'est le début pour lui d'un désespoir qui s'installe et qui ne le quitte plus.

Il perd à l'Ofpra : il a trop parlé disent-ils. Il dit, je n'ai pas pu m'expliquer.

Après huit mois d'attente, il passe à la CNDA. Il préfère y aller seul.

Aujourd'hui, il reçoit la réponse positive. Deux ans et six mois, une souffrance qui s'installe et aujourd'hui, une joie mêlée d'angoisse pour qui le soutient.

Deux ans et demi de souffrance. Pourquoi? Et surtout une question lancinante, pourra-t-il se reconstruire?

Deux ans et demi de souffrances, pourquoi?...  Aujourd'hui, un demandeur reçoit la réponse positive de la CNDA, une profonde joie mêlée d'angoisse.
Un appel de demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre

 

Lettre à l’intention des autorités françaises,

Des demandeurs d’asile soudanais d’Auxerre, janvier 2017

 

Avant la guerre civile, nous vivions tranquillement dans notre pays. Puis les guerres se sont déclenchées partout dans notre province du Darfour et nous sommes devenus les victimes à la fois du gouvernement et des milices armées, et jusqu’à ce jour nous n’avons pas trouvé la paix car, malgré tous les appels au secours que nous avons lancés, nous avons perdu nos familles, nos proches.

 

Nous avons dû quitter la terre de nos aïeux en laissant derrière nous tous nos biens, tout ce qui nous est cher pour trouver un endroit pour continuer à vivre comme des êtres humains et nous sommes parvenus en Libye avec l’espoir d’y trouver refuge, de pouvoir y vivre et y travailler.

 

Mais là-bas aussi, la vie s’est révélée impossible du fait de la guerre entre les milices qui n’ont aucun sens de l’humanité. La vie y était tellement terrible que même dire les souffrances que nous avons endurées nous est impossible.

 

Alors, nous avons tenté de venir en Europe où nous avions l’espoir de trouver protection, la possibilité de vivre, et le respect des droits de l’Homme dont nous avions toujours entendu parler.

 

Mais venir en Europe est très dangereux, il faut prendre des risques, parcourir plus d’un millier de kilomètres en barque. Nous n’avions donc qu’une alternative : soit rester en Libye dans ces terribles conditions, soit prendre le risque de traverser la Méditerranée avec des chances infimes de survie.

 

Nous avons décidé d’aller en Italie. Après une dizaine d’heures de navigation, où nous avons frôlé la mort, nous avons été récupérés par les équipes de sauvetage et emmenés dans des camps. Mais là, nous avons été battus et privés de nourriture parce que nous refusions de donner nos empreintes !

 

Du fait de cette attitude de l’Italie envers nous, nous ne pouvions imaginer quel avenir nous aurions dans ce pays et pouvoir y trouver la protection et la vie que nous recherchions, c’est pourquoi nous avons décidé de nouveau de partir vers un autre pays qui serait certainement mieux pour nous, et ce pays était pour nous la France.

Après plusieurs tentatives, nous sommes parvenus sur le sol français, espérant y trouver la protection et la possibilité de vivre. La France nous a bien acceptés et beaucoup aidés et nous avons retrouvé ici des gens de tous les pays d’Afrique.

 

Nous avons effectué toutes les démarches nécessaires pour bénéficier de l’asile et pendant ces sept mois d’attente, nous avons fait tout notre possible pour apprendre le français, dans des conditions difficiles, sans activité et sans accompagnement.

Alors, nous avons été désespérés par la décision de nous renvoyer en Italie alors même que nos empreintes y avaient été prises de  force.

 

Nous demandons la protection de la France. Nous espérons que l’Etat réexaminera nos dossiers et nous viendra en aide.

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Un demandeur d'asile du F1 de Sens (Juillet 2016) devant la CNDA - un accompagnement, des croquis, des mots. Une attente infinie, une infinie et patiente présence.

Publié le 16 Février 2019 par lieb dans CNDA, Chronique en 89, F1 Sens, Ofpra

Un demandeur d'asile du F1 de Sens (Juillet 2016) devant la CNDA - un accompagnement, des croquis, des mots. Une attente infinie, une infinie et patiente présence.

Une attente infinie, une infinie et patiente présence ...

 

Un demandeur d'asile arrivé en juillet 2016 à Sens, A., est passé devant la CNDA. Tous les amis qui accompagnaient ces demandeurs durant cet été 2016 se souviendront de lui. Sa gentillesse, son sourire. De milieu modeste, il n'avait pas su s'expliquer correctement à l'Ofpra.

 

Après plus deux ans et six mois, de Sens en Auxerre, de Joigny en Vergigny, une amie l'a accompagné, gardant toujours le contact. C'est ainsi qu'elle a pu être présente auprès de lui lors de sa convocation.

Un demandeur d'asile du F1 de Sens (Juillet 2016) devant la CNDA - un accompagnement, des croquis, des mots. Une attente infinie, une infinie et patiente présence.

Elle en a ramené ces croquis et ces quelques mots : 

 

"Arrivés à 13 heures, il était convoqué à 15 h 30, nous ne sommes ressortis qu'à 19 heures On croise les doigts dans cette grande machine judiciaire en usinage. J'ai fait ces croquis de personnes diverses, qui étaient là. Une femme, un enfant et un jeune homme... Laborieuse journée, mais je tenais à être là pour A.."

A la violence de l’État face aux demandeurs, certains s'attachent à répondre par une infinie et patiente présence.

Pour les demandeurs, c'est vital au long de ces interminables jours et vital en ces moments cruciaux où tout se décide pour eux.

 

La CNDA donnera sa réponse le 26.!

 

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2018, année noire des expulsions dans l'Yonne. Que sera 2019?

Publié le 29 Décembre 2018 par lieb dans Chronique en 89, CAO Coallia Auxerre, Jaulges, nous analysons, nous informons, Dublin

Jaulges

Jaulges

L'année 2018 a été une année noire.

 

Depuis juin/juillet 2016, le département avait été "choisi" comme d'autres pour "mettre à l'abri" les demandeurs d'asile, raflés dans les rues.

Depuis cette époque, des dizaines de demandeurs d'asile avaient dû s'enfuir, retourner à la rue, pour éviter les expulsions.

Durant les élections, les délais de 10 mois pour sortir de Dublin avaient été dépassés et ces demandeurs, sauvés de la rue, ont souvent obtenu ... des cartes de dix ans.

 

En février 2018, une nouvelle offensive de L’État s'est développée. Des dizaines et des dizaines de demandeurs se sont vus notifier leur expulsion. Chaque semaine, trois jours par semaine (un jour avait été rajouté!), les demandeurs ont été notifiés à la chaîne. Une machine infernale s'est mise en place, jusqu'à la recherche tous azimuts de traducteurs.

La préfecture n'a pas hésité à placer des notifications jusque dans l'après-midi du vendredi, alors que les appels doivent être effectués dans les 48 heures et que ceux-ci ne peuvent être déposés que jusqu'au samedi midi!

Symbole : la dernière notification a été effectuée le 29 juin, un vendredi, à 14 h 30. Symbole, le soutien à ces demandeurs à permis de déposer le recours ... qui a été gagné!

 

Le triste bilan de l'année 2018 a donc été des dizaines et dizaines de notifications. Aucun recours accepté, même pour des situations médicales gravement claires. Des demandeurs d'asile expulsés vers tous les pays d'Europe, en particulier des demandeurs déboutés dans des pays qui expulsent vers les pays d'origine et qui n'ont pas pu bénéficier de notre aide - les demandeurs de Jaulges en particulier - , contraints de s'enfuir.

 

L'année 2018 s'est symboliquement terminée par un raid en pleine nuit pour se saisir de demandeurs Dublin à Jaulges.

 

Année 2018 qui s'est tragiquement terminée par la mort d'un demandeur d'asile au CAO d'Auxerre, mort pour laquelle la responsabilité de la structure "d'accueil" est clairement établie par les faits.

 

 

Que sera la politique de L’État pour les demandeurs d'asile en 2019

Quelle solidarité pour 2019. Quelles actions voudrons-nous mettre en place?

A genoux, les mains sur la tête, devant Jaulges, le Prahda, Auxerre, contre les expulsions aussi?!

A genoux, les mains sur la tête, devant Jaulges, le Prahda, Auxerre, contre les expulsions aussi?!

Le blog, en tous les cas, pense à tous ces demandeurs d'asile en but à une politique d’État inique et raciste, et à son insigne violence.

 

Demandeurs d'asile en 89

Dessins d'Elisabeth inspirés par les DA.

Dessins d'Elisabeth inspirés par les DA.

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Jaulges. Dans le silence complet, s'il n'y avait ce témoignage, raid contre des demandeurs d'asile Dublin en pleine nuit. Que faisons-nous? Que décidons-nous de faire?

Publié le 8 Décembre 2018 par lieb dans Chronique en 89, Dublin, Nous les soutenons, nous informons, Jaulges

Sur le facebook de Timothy Perkins

Sur le facebook de Timothy Perkins

TEMOIGNAGE
"Lundi soir, la police est arrivée à Jaulges à minuit avec des photos de résidents en procédure à Dublin. Il y avait quatre officiers de police, deux attendaient devant les fenêtres de la chambre, les deux autres sont entrés par la porte de chaque pièce de l'un des bâtiments. Heureusement, ils n’ont trouvé personne."
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Jusqu'au bout. La police est venue ce matin, mercredi 6 décembre 2018, au PRAHDA d'Appoigny dans l'Yonne, arrêter le jeune A., le dernier demandeur d'asile Dublin au Prahda d'Appoigny.

Publié le 8 Décembre 2018 par lieb dans Chronique en 89, Dublin, Nous les soutenons, Prahda

Dessin d'Elisabeth inspiré par les demandeurs d'asile de l'Yonne

Dessin d'Elisabeth inspiré par les demandeurs d'asile de l'Yonne

La police est venue ce matin, mercredi 6 décembre 2018, au PRAHDA d'Appoigny dans l'Yonne, arrêter le jeune A., le dernier demandeur d'asile Dublin au Prahda. Il n'avait pourtant pas reçu de billet d'avion hier lors de son pointage à la gendarmerie. Il n'est plus joignable depuis. Peut-être est-il déjà en Italie.
Notre mobilisation contre les notifications de transfert au Prahda d'Appoigny août 2017

Notre mobilisation contre les notifications de transfert au Prahda d'Appoigny août 2017

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La mort d'un demandeur d'asile au CAO d'Auxerre. La terrible responsabilité de Coallia et de la police. Message de la LDH d'Auxerre.

Publié le 24 Novembre 2018 par lieb dans Chronique en 89, nous informons, Nous les soutenons, CAO Coallia Auxerre

La mort d'un demandeur d'asile au CAO d'Auxerre. La terrible responsabilité de Coallia et de la police. Message de la LDH d'Auxerre.
MESSAGE DE LA LIGUE DES DROITS DE L'HOMME D'AUXERRE, suite à l'agression mortelle du jeune Hejran ,
La section LDH d Auxerre qui déplore cet état de fait, s'associe au deuil de sa famille et des demandeurs d'asile et leur présente toutes ses condoléances.
La mort d'un demandeur d'asile au CAO d'Auxerre. La terrible responsabilité de Coallia et de la police. Message de la LDH d'Auxerre.

Mon témoignage

Cela fait deux ans et trois mois que j'accompagne chaque semaine, plusieurs soirs par semaine les demandeurs d'asile du CAO d'Auxerre.

La première fois, je venais rendre visite aux demandeurs d'asile transférés du Formule 1 de Sens où, raflés à Paris, ils avaient été "mis à l'abri", plus exactement fichés en attendant leur expulsion. C'était en septembre 2016

L'un des travailleurs sociaux a eu ces mots terribles en tentant de me convaincre de ne pas faire de visites : "Vous ne savez pas qui ils sont. De toute façon, ils seront bientôt tous partis (sous-entendus expulsés)".

Ces paroles terribles, et encore plus dans la bouche d'un homme chargé de la protection d'hommes qui venaient de vivre le pire et qui souhaitaient obtenir la protection en France, elles me sont souvent revenues à l'esprit.

Elles me reviennent encore ce mardi soir quand j'arrive, comme tous les mardis, mais cette  fois-ci en sachant ce qui s'était passé.

J'étais loin cependant d'imaginer ce qui s'était réellement passé et qui abouti à la mort d'Hejran. Un demandeur qui venait d'obtenir ses papiers et qui déjà travaillait.

Le mardi soir, par les récits, je prends conscience de l'invraisemblable. Le lendemain, un journaliste de l'Yonne Républicaine répond à la demande des résidents de le rencontrer et ils racontent longuement.

Ce demandeur d'asile était difficile, Coallia avait été averti à plusieurs reprises. La veille, il avait déjà agressé physiquement un demandeur d'asile.

Et le matin-même, il avait attaqué à l'arme blanche deux demandeurs. L'un d'eux, conduit à l'hôpital, portait le mercredi encore des bandages. Le jeune agresseur avait été interpellé par la police, Coallia était donc au courant des faits. Cependant ce jeune agresseur, a été relâchè, sans aide, sans soins. Le soir, il agressait mortellement Hejran.

L'enchaînement des faits montre qu'il n'y a pas de fatalité, ce n'est pas un accès brusque et imprévisible: il y a non assistance à personne en danger et manquement grave au devoir de protection de Coallia.

Et si cela a conduit au pire, c'est parce que à peu d'exception près, Coallia Auxerre a montré régulièrement ces manquements et ce mépris. Les demandeurs et réfugiés l'ont souvent exprimé. En particulier, l'absence d'attention à l'état psychique de certains demandeurs est une constante grave.

La responsabilité de Coallia est claire.

Et, cette mort est aussi clairement la conséquence directe d'une politique de non asile. La conséquence du mépris de leur vie, du racisme profond auquel ils sont confrontés.

Dominique Poirré

 

Une plainte a été déposée pour non assistance à personne en danger et une enquête de l'IGPN ouverte.

 

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Chasse à l'homme en 89. APRR et gendarmerie, même combat.

Publié le 9 Novembre 2018 par lieb dans nous informons, Chronique en 89

Chasse à l'homme en 89. APRR et gendarmerie, même combat.
Comme régulièrement dans l'Yonne, nouvelle opération systématique de police.
 
Article de l'Yonne Républicaine:
 
Ce jeudi 8 novembre, la gendarmerie de l'Yonne a mené une opération de contrôle d'envergure sur l'A6. 521 véhicules ont été détournés sur l'aire de la Couée, fermée pour accueillir le dispositif.

Une quinzaine d'infractions relevées (détention de stupéfiants, conduite sous l'emprise de l'alcool ou sans permis, infractions sur la législation sur les transports routiers, ressortissants étrangers en situation irrégulière), 80 gendarmes mobilisés, 521 véhicules contrôlés dont une quarantaine de poids-lourds : ce sont les chiffres de la vaste opération de contrôle menée ce jeudi 8 novembre, entre 9 heures et 12 h 30 par la gendarmerie de l'Yonne en concertation avec la société d'autoroute APRR. "Une première" pour le colonel Rénald Boismoreau, commandant du groupement de gendarmes de l'Yonne .

La première fois que nous montons une telle opération de jour"

"Nous avions déjà mis sur pied un important contrôle de nuit, mais c'est la première fois que nous montons une telle opération de jour, explique-t-il. L'Yonne ne bénéficie pas de barrière pleine voie. Nous avons donc dû fermer une des aires d'autoroute (celle de la Couée, à deux kilomètres de la sortie de Nitry sens Paris-Lyon) pour pouvoir mener à bien ce contrôle."

Avec "le moins de gêne possible pour l'usager"

"Notre objectif était triple : assurer un contrôle systématique, le faire avec un maximum de sécurité tout en génerant le moins de gêne possible pour l'usager", poursuit le colonel. Présent également, Abdelmajid Tkoub, le sous-préfet de l'arrondissement Avallon-Tonnerre. "Cette opération, complexe à mettre sur pied, s'insère dans une stratégie globale de sécurisation des routes et des autoroutes du département."
 

Véronique Sellès

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