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Demandeurs d'asile en 89

Plus de 150 demandeurs d'asile ont été amenés d'abord de Paris (La Chapelle, Jaurès, Stalingrad...) puis de Calais dans l'Yonne. Une grande majorité dépend de Dublin. Ils ont pris tous les risques et maintenant ils risquent le retour dans un pays où ils ont été enregistrés contre leur gré et où les conditions d'accueil ne sont pas acceptables. Lire dans la rubrique Pages : notre pétition, la lettre des demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre ... . Consulter les catégories : Paroles de demandeurs d'asile, Pays de non asile, Nous les soutenons, Nous informons, Chronique en 89, Prahda, Ofpra. Signer la pétition pour la régularisation : https://secure.avaaz.org/fr/community_petitions/emmanuel_macron_et_le_gouvernement_francais_france_regularisation_de_tous_les_sanspapiers/?txqxfqb&fbclid=IwAR2vLV1piiM2wCy8EP05vhzCNFk5iLL_tvPjntEgXI5yFb9Qk4kBBKrgprY

paroles de demandeurs d'asile

Se battre pour leur asile ... Il est arrivé le 22 juillet au F1 de Sens. D'un milieu très modeste, il a touché chacun par sa gentillesse, son éternel sourire, sa volonté émouvante de parler français ...

Publié le 17 Juin 2017 par lieb dans Paroles de demandeurs d'asile, Nous les soutenons, nous informons, Ofpra

Se battre pour leur asile ... Il est arrivé le 22 juillet au F1 de Sens. D'un milieu très modeste, il a touché chacun par sa gentillesse, son éternel sourire, sa volonté émouvante de parler français ...

Il est arrivé le 22 juillet au F1 de Sens. Venu du Darfour, d'un milieu très modeste, il a touché chacun par sa gentillesse, son éternel sourire, sa volonté émouvante de parler français.

Transféré au CAO d'Auxerre, il a rejoint le CADA de Vergigny. C'est là que nous l'avons rencontré, la semaine dernière, désespéré, profondément inquiet. "J'ai mal à la tête", dit-il. En fait, c'est l'angoisse qui l'habite.

Il a rédigé son récit à Auxerre, mais il n'a même pas de photocopie du document.

Il vient de recevoir un refus de sa demande d'asile.

Ce qu'on lui reproche, ce qu'on reproche à tous ces demandeurs d'origine modeste : ne pas être précis, confondre le nord et le sud par exemple pour situer son village. Combien des gens que nous connaissons ici, ne savent pas plus situer Sens par rapport à Auxerre.

L'OFFRA ne le croit pas, ne vaudrait-il pas mieux dire, ne veut pas le croire! Dans le cas de ce demandeur, l'origine sociale, la difficulté d'expression sont un terrible et dangereux handicap.

La carte ci-dessus montre l'extrême dangerosité du pays. Comment imaginer que l'on puisse renvoyer ces demandeurs dans ce pays où règne la guerre, et maintenant la famine.

Non au refus de l'asile. Pour un accueil humanitaire.

Comme nous nous mobilisons pour que ces demandeurs ne soient plus Dublin, nous devons nous mobiliser pour leur accueil!

C'est un devoir urgent.

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Quoi de neuf? ... Traduire, y-a-t-il eu une nouvelle convocation?

Publié le 30 Avril 2017 par lieb dans Paroles de demandeurs d'asile, Les pays de non asile

Quoi de neuf? ... Traduire, y-a-t-il eu une nouvelle convocation?

Depuis la période de Sens, cette phrase est le sésame pour échanger avec les demandeurs d'asile. C'est le résultat du "travail" des amis du Formule 1. Le sésame pour la communication avec ceux qui parlent de mieux en mieux mais aussi avec ceux qui ne parlent pas beaucoup le français et même avec les nouveaux auxquels la phrase est transmise.

 

Aujourd'hui, nous l'utilisons pour savoir si de nouvelles convocations sont tombées. Par SMS ou Whatsapp, elle permet de communiquer chaque jour à distance, c'est aussi la phrase rituelle qui ouvre  les soirées.

 

La réponse espérée que tous connaissent aussi : "Rien de spécial".

 

Depuis trois semaines, c'est cette dernière que nous entendons. Avec comme corolaire un si petit espoir, beaucoup d'interrogation et tant d'angoisse quotidienne pour les demandeurs concernés.

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Ce soir, c'est mardi, c'est Soudan, c'est Souchon ... Demandeurs d'asile en 89.

Publié le 25 Avril 2017 par lieb dans Paroles de demandeurs d'asile, Chronique en 89

 

Ce soir, c'est mardi, il est 20 heures, l'équipe football s'en va,

C'est un demandeur là depuis plusieurs années

qui motive toutes les semaines chacun avec constance et obstination.

C'est ça le quotidien ici, la prise en charge des demandeurs par les

demandeurs eux-mêmes. Face à l'absence de toute activité,

pour au minimum meubler le temps et sortir de soi.

 

 

Ce soir, c'est aussi soirée félicitations.

Les encore "Dublin" félicitent les nouveaux "normaux".

La préfecture de l'Yonne après des mois de

tergiversations applique en effet les promesses faites

pour les "Dublin" venant de Calais. Tous ceux

qui sont dans l'Yonne et viennent de Calais

ne dépendent plus de cette convention.

Fin de mois d'angoisse, de peur.

 

 

Mais ce soir, c'est aussi Souchon, un des demandeurs d'asile,

musicien, fait entendre aux autres la chanson  "C'est déjà ça",

il traduit pour eux les paroles. Soudan, oh mon Soudan ...

On oscille entre sourire et yeux qui se voilent de tristesse.

 

 

Ce soir, c'est toujours au milieu des autres l'attente

pour l'un des demandeurs d'asile de la deuxième convocation.

Toujours l'angoisse au ventre, l'angoisse au coeur.

 

 

Et c'est aussi toujours l'inquiétude pour l'un des demandeurs

qui semble être entré dans un silence sans fond depuis

la convocation et la fuite d'un de ses amis.

 

 

Ce soir, c'est mardi,

Un mardi comme les autres mardis ...

 

 

 

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Dublin, normal. Des mots qui veulent tout dire ...

Publié le 23 Avril 2017 par lieb dans Paroles de demandeurs d'asile, Chronique en 89

mageneve

mageneve

De nouveaux demandeurs arrivent à Auxerre.

Je demande leur statut.

On me répond :

Ils sont Dublin.

Ou bien:

Ils sont normaux.

Des mots qui veulent

Tout dire ...

Dublin, normal. Des mots qui veulent tout dire ...
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Un appel des demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre

Publié le 19 Avril 2017 par lieb dans Paroles de demandeurs d'asile

Lettre à l’intention des autorités françaises,

Des demandeurs d’asile soudanais d’Auxerre, janvier 2017

 

Avant la guerre civile, nous vivions tranquillement dans notre pays. Puis les guerres se sont déclenchées partout dans notre province du Darfour et nous sommes devenus les victimes à la fois du gouvernement et des milices armées, et jusqu’à ce jour nous n’avons pas trouvé la paix car, malgré tous les appels au secours que nous avons lancés, nous avons perdu nos familles, nos proches.

 

Nous avons dû quitter la terre de nos aïeux en laissant derrière nous tous nos biens, tout ce qui nous est cher pour trouver un endroit pour continuer à vivre comme des êtres humains et nous sommes parvenus en Libye avec l’espoir d’y trouver refuge, de pouvoir y vivre et y travailler.

 

Mais là-bas aussi, la vie s’est révélée impossible du fait de la guerre entre les milices qui n’ont aucun sens de l’humanité. La vie y était tellement terrible que même dire les souffrances que nous avons endurées nous est impossible.

 

Alors, nous avons tenté de venir en Europe où nous avions l’espoir de trouver protection, la possibilité de vivre, et le respect des droits de l’Homme dont nous avions toujours entendu parler.

 

Mais venir en Europe est très dangereux, il faut prendre des risques, parcourir plus d’un millier de kilomètres en barque. Nous n’avions donc qu’une alternative : soit rester en Libye dans ces terribles conditions, soit prendre le risque de traverser la Méditerranée avec des chances infimes de survie.

 

Nous avons décidé d’aller en Italie. Après une dizaine d’heures de navigation, où nous avons frôlé la mort, nous avons été récupérés par les équipes de sauvetage et emmenés dans des camps. Mais là, nous avons été battus et privés de nourriture parce que nous refusions de donner nos empreintes!

 

Du fait de cette attitude de l’Italie envers nous, nous ne pouvions imaginer quel avenir nous aurions dans ce pays et pouvoir y trouver la protection et la vie que nous recherchions, c’est pourquoi nous avons décidé de nouveau de partir vers un autre pays qui serait certainement mieux pour nous, et ce pays était pour nous la France.

Après plusieurs tentatives, nous sommes parvenus sur le sol français, espérant y trouver la protection et la possibilité de vivre. La France nous a bien acceptés et beaucoup aidés et nous avons retrouvé ici des gens de tous les pays d’Afrique.

 

Nous avons effectué toutes les démarches nécessaires pour bénéficier de l’asile et pendant ces sept mois d’attente, nous avons fait tout notre possible pour apprendre le français, dans des conditions difficiles, sans activité et sans accompagnement.

Alors, nous avons été désespérés par la décision de nous renvoyer en Italie alors même que nos empreintes y avaient été prises de  force.

 

Nous demandons la protection de la France. Nous espérons que l’Etat réexaminera nos dossiers et nous viendra en aide.

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Il réfléchit, puis me souffle qu'il a une idée mais qu'il ne pourra pas la dire ...

Publié le 12 Avril 2017 par lieb dans Paroles de demandeurs d'asile

Il réfléchit, puis me souffle qu'il a une idée mais qu'il ne pourra pas la dire ...

Paroles de demandeurs

Ce témoignage adressé au blog le 11 avril. Il traduit de manière perceptible le désarroi des demandeurs qui voient leurs amis emmenés ...

Séance de travail samedi dernier avec H, un ami afghan d'une vingtaine d'années. Il veut préparer un exercice où il doit se présenter, et parler de ses parents, ses frères et sœurs, ses goûts.

A la question « qu'est-ce que tu aimes ? », il répond qu'il aime le foot, et qu'il aime écrire. Il a effectivement une très belle écriture.

Puis vient la question contraire : « qu'est-ce que tu n'aimes pas ? ». Il me dit qu'il n'aime pas « la bagarre ». Je trouve que le mot fait un peu enfantin, et lui indique qu'il faudrait peut-être mieux écrire « la violence ». Il me demande de lui expliquer le sens de ce nouveau mot, et il est d'accord.

Je lui fais remarquer qu'il a donné deux choses qu'il aimait, et qu'il serait pertinent d'en mettre deux qu'il n'aime pas, pour équilibrer. Il réfléchit, puis me souffle qu'il a une idée mais qu'il ne pourra pas la dire. On est entre nous, pourtant. Il n'y a personne d'autre, mais il est gêné, et me dit que non, ça ne se fait pas. Mais je sens qu'il a quand même besoin d'en parler, alors j'insiste un peu, à peine. Il finit par lâcher, avec un sourire un peu embarrassé : « je n'aime pas la police, parce qu'elle voudrait déporter mes amis ».  Il écrit ça.

Dans la dernière question, on lui demande son rêve. Il hésite d'abord à écrire « devenir mécanicien ». Puis il change d'avis. « Mon rêve est de revoir ma famille ».

 

 

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La France ne m'a même pas … écouté une seule fois

Publié le 9 Avril 2017 par lieb dans Paroles de demandeurs d'asile

La France ne m'a même pas … écouté une seule fois

Nous sommes assis face à lui dans la cuisine. A. ne parle plus beaucoup depuis plusieurs semaines sur son départ. Il veut dire quelque chose. Il  commence d’une voix décidée se lançant comme on se lance à l’eau :

- Je suis en France depuis,

Il calcule,

- 11 mois …

Il s’arrête.

- Je suis venu demander la protection de la France.

Il s’arrête

- La France ne m'a même pas … écouté une seule fois.

Cette phrase, c'est la seule qu'il a dite ces derniers temps. Il l'a dite à plusieurs reprises. Avec les mêmes silences. Pour lui le résumé absolu de ce qu'il a à dire.

Elle résonne et se heurte aux murs froids qui nous entourent et part dans le silence froid de l'indifférence qui nous entoure.

 

D. Auxerre, le 9 avril 2017

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Paroles de demandeurs d'asile

Publié le 19 Mars 2017 par lieb dans Paroles de demandeurs d'asile

Saisis au vol d'une conversation, un mot, une phrase qui disent l'angoisse, la profondeur de réflexion, l'humour de ces réfugiés dont un mot hante au sens propre les jours et les nuits ... Dublin.
Ils sont devenus cartes et affiches et accompagnent nos mobilisations.
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