L’été est passé.
L’été est passé mais nous n’oublierons pas ce mois d’août au F1. Quelque chose s'est joué avec ces jeunes réfugiés du Formule 1, quelque chose qui nous a amenés jour après jour à revenir passer un moment, une soirée, de plus en plus de temps ensemble, et qui n'a tenu qu'à eux et qu'ils nous ont transmis.
De ces six semaines, nous restent beaucoup en tête
Des personnalités diverses, des expressions de visages, des manières d’être inséparables des noms qui s’affichent dans nos têtes à nous
Les mains tendues vers le bas de S. et son rire perché
Le sourire timide d’A. toujours si avide d’apprendre lui qui n’a pas été à l’école
La maturité d’A. et sa haute stature filiforme toujours présente et d’I toujours aidant et toujours apprenant
Le ton définitif d’H., le benjamin, qui réclame les étiquettes avec les mots et qui parvient à expliquer quand celle illustrant une vache apparaît que sa maman en a trois
L’élégance incroyable d’A.
A. petit génie du foot … et du français
Ceux qui n’osaient pas et peu à peu viennent
Ceux qui étaient en retrait S., Abd., Y.
Sh. qui impressionne chacun de nous par sa volonté et ses attentions envers chacun et H. si sérieux
W. et B.plus âgés, marqués par déjà des années d’attente déboutés de Norvège et du Danemark après sept et huit années
De ces six semaines nous reste beaucoup en tête
Les jeunes cahiers et stylos à la main dès que l’un de nous arrive de l’après-midi au soir
Les tables débarrassées avec soin là où ils ont pris pourtant à près de 30 les repas servis dans des conditions matérielles d’urgence
Le vélo d’Idr. donné par Catherine qui tourne et tourne enfourché par chacun
La passion des mots-mêlés (!) apportée par Milw. (y aurions-nous pensé ?) et qui s’étend insensiblement
Les sorties : parcours santé, plage où la vie pouvait revenir dans un espace plus libre
De ces six semaines nous reste. beaucoup en tête
Les conversations approximatives en x-langues qui pourtant permettent de saisir des moments de leur vie.
Nous n’avons pas fait d’acte caritatif, ce n’est pas dans nos valeurs. Nous avons fait un acte militant au sens intrinsèque du terme : nous avons fait acte de présence, indispensable au jour le jour. Acte rendu si facile par eux. Nous n’avons pas non plus organisé les apprentissages de français, simplement chacun a fait au pied de l’hôtel ce qu’il pensait et a créé ainsi des liens tout simplement humains car chacun était différent dans ce qu’il apportait et ce qu’il demandait.
Aujourd’hui 19 de ces jeunes sont partis et là va commencer - peut-être - pour nous un autre combat, militant cette fois pour des conditions de vie, de suivi des dossiers, d’apprentissage du français. Alors nous allons, et c’est certain, rester tous hautement attentifs.
le 6 septembre 2016