Le procès de Caro Osas a eu lieu à un rythme endiablé. Accusé en novembre 2018, d'avoir blessé mortellement un autre réfugié, le but de ce procès était de déterminer la réalité des faits, le déroulement, de décider de la peine. Selon les conclusions, il encourait des peines très différentes. En trois jours ce qui s'est passé à Coallia en novembre 18 a été expédié. Et mercredi à 19 h 30, un jeune homme à peine majeur, illettré, isolé est parti pour quinze année de prison ... vers une cellule d'isolement.
La responsabilité de la police et de Coallia n'a pas été jugée. Le président a dirigé les débats souvent à charge utilisant tous les moyens pour raccourcir les délais.
Le verdict : dans un procès d'assises, le président et ses assesseurs participent avec les jurés aux délibérations, et tous les trois ont le droit de voter. Étant donné le déroulé du procès, il est peu vraisemblable que le président ait voté des décisions plus favorables à l'accusé. Quant aux assesseures, elles n'ont pas posé de questions durant les débats. Il ne semble pas que les décisions aient été prises à l'unanimité, le verdict a été lu si rapidement cependant dans la logique de tout ce procès, les articles étant désignés par leur seul n°, que le public dont je faisais partie et qui a le droit pourtant de savoir, ne pouvait en aucun cas le comprendre, en dehors de la hauteur de la peine prononcée.
Une seule journaliste a assisté aux débats, celle de l'Yonne républicaine. Il convient dans ce premier article sur le procès de revenir sur son attitude car il lui revenait d'informer, elle seule le pouvait. Son attitude et ses articles en disent long sur ce que le public reçoit, et a reçu dans ce cas précis, comme information :
Le chapeau de l'article de l'Yonne républicaine de ce jour commence par le Nigérian, tout est déjà dans cette appellation, il n'y a pas dans le box un jeune homme à peine sortie de la minorité, il n'y a pas un jeune dont il faut tenter de comprendre l'origine de l'acte. Il est réduit à sa nationalité, la nationalité d'un pays qu'il a quitté poussé par la pauvreté, et dans un pays, ici, où le racisme est tellement ancré qu'il fait en tout la pluie et le beau temps.
L'article de la veille déjà était entièrement à charge, la journaliste avait déjà porté sa condamnation avec une violence insigne, une violence et une partialité si grande que la direction de l'Yonne républicaine aurait dû intervenir.
En lisant aujourd'hui, l'article relatant la journée et le verdict, on pourrait penser qu'il n'y a pas eu dans ce procès de défense, qu'il n'y a pas eu de défenseurs. Qu'elle ne les a pas vus, qu'elle ne les a pas entendus. Ils étaient pourtant deux, mais il n'y a aucune, aucune information sur ce qu'ils ont plaidé ni sur les faits, ni sur la personne. Rien n'apparaît dans le texte
Et même l'avocate générale a été beaucoup plus mesurée que la journaliste, certains de ses mots montraient même une réelle tentative de comprendre le contexte et la personnalité. Dans l'article, aucun de ces mots n'est cité. Seuls sont repris, ceux défavorables au jeune accusé.
Les avocats ont dit, curieux procès où il n'y a pas de témoins des faits présents à la barre, pas de parties civiles, et même pas de public (nous avons été en effet en général que deux ou trois personnes).
Et donc pas de journaliste non plus, ou plutôt une journaliste qui n'entend ni ne voit, ni ne rapporte l'ensemble des éléments, mais seulement ce dont elle a décidé de parler.
Vous en doutez! A la fin du procès, je suis dans le hall, elle passe en flèche, elle est déjà à la porte, je lui demande vous êtes journaliste, vous ne souhaitez pas échanger (J'étais la seule témoin de ce procès), elle me répond violemment : non. J'insiste, elle a alors ces mots invraisemblables : nous faisons nos choix.
Cela a le mérite d'être clair, l'information de l'Yonne républicaine est une affaire de tri, pas une question d'information. Et n'existera donc pour le public que la parole d'une journaliste partisane et qui le revendique au mépris de la déontologie de son métier.
(Nous allons tenter avec les personnes présentes de donner d'autres éléments à partir de nos notes).
L'Yonne Républicaine a demandé à mediapart que je publie un droit de réponse. Je le publie sur ce site originel volontairement. Charge à chacunE d'aller lire les articles pour se faire sa propre idée.