CAO d'Auxerre, xième visite depuis plus de trois ans.
Maintenant en mode éclaté, puisque le CAO a été déclaré mort. Après plus de trois ans d'existence.
Il avait accueilli la grande vague des Dublin transférés dans notre département sous prétexte de "mise à l'abri", en fait une opération d'expulsions massive. Celle-ci avait été contrecarrée par des élections pendant lesquelles il n'y avait pas eu de notifications. Permettant ainsi aux demandeurs de passer en procédure normale.
Nombre de ces demandeurs entamaient alors une longue attente, que nous n'imaginions pas devoir s'éterniser tant : plusieurs mois quelquefois pour le simple changement d'attestation, le long temps d'attente pour l'Ofpra, puis pour les négatifs, une encore plus longue attente pour la CNDA. Et très souvent, au bout de tout cela, pour certaines le statut de réfugié ou d'autres la protection. Des bouts de vie volées inconsidérément. De véritables et longues souffrances.
Aujourd'hui, c'est en divers lieux qu'il faut se rendre pour continuer à les rencontrer. Le CAO d'Auxerre se vide en effet de ses demandeurs encore en procédure qui sont ou vont être disséminés dans des appartements, dans d'autres villes ...
Visite hebdomadaire donc dans un appartement. Et toujours la même conversation, les mêmes paroles de courage à prodiguer, de plus en plus difficiles à dire et à entendre.
Parmi ces demandeurs, il y a un demandeur afghan. Il était arrivé à Villeblevin en février 2017. Il a connu tout le parcours décrit plus haut. Mais l'angoisse, l'incompréhension s'est encore accrue quand il a vu toute cette dernière année, ses amis, arrivés dans les mêmes temps, obtenir la protection. Lui entame maintenant son 35ème mois d'attente. Sans aucune indication sur la fin possible de celle-ci.
Peut-on imaginer ce que représente une telle attente, sans pouvoir travailler, sans argent pratiquement, sans occupation que celles qu'il peut se créer, et surtout avec l'angoisse au corps et au cœur de la réponse qui sera faite à sa demande.
A chaque visite, on se demande seulement, comment fait-il pour résister? Peut-il même résister encore?
Et l'on se demande surtout. Que pouvons-nous faire?
Que devons-nous faire. Y a-t-il tout simplement quelque chose à faire?
demandeurs d'asile en 89
Nul doute qu'il y a d'autres demandeurs dans l'Yonne dans la même situation...