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Demandeurs d'asile en 89

Plus de 150 demandeurs d'asile ont été amenés d'abord de Paris (La Chapelle, Jaurès, Stalingrad...) puis de Calais dans l'Yonne. Une grande majorité dépend de Dublin. Ils ont pris tous les risques et maintenant ils risquent le retour dans un pays où ils ont été enregistrés contre leur gré et où les conditions d'accueil ne sont pas acceptables. Lire dans la rubrique Pages : notre pétition, la lettre des demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre ... . Consulter les catégories : Paroles de demandeurs d'asile, Pays de non asile, Nous les soutenons, Nous informons, Chronique en 89, Prahda, Ofpra. Signer la pétition pour la régularisation : https://secure.avaaz.org/fr/community_petitions/emmanuel_macron_et_le_gouvernement_francais_france_regularisation_de_tous_les_sanspapiers/?txqxfqb&fbclid=IwAR2vLV1piiM2wCy8EP05vhzCNFk5iLL_tvPjntEgXI5yFb9Qk4kBBKrgprY

Il est passé en procédure normale. Un sur des milliers et des milliers et des milliers qui n'auront pas pu, eux, faire valoir leurs droits ...

Publié le 7 Août 2019 par lieb

Son lit

Son lit

Hier,  fin d'une première angoisse de plusieurs mois.

Dans une préfecture d'Ile de France, une employée sans un mot, sans une explication, lui fait signer des papiers qu'il ne comprend pas, il ne parle pas français. Je lis de loin sur sa précédente attestation de demandeur - Dublin -, annulée. Je récupère les papiers qu'il signe, c'est le formulaire pour poser sa demande à l'OFPRA. Je lui dis. Nous partons. Je n'ai pas eu la force de protester contre cet accueil. Un peu de malchance, car nous avions suivi des yeux la grande dizaine de demandeurs venant faire renouveler leur attestation qui nous précédait. Nous aurions tellement souhaité être reçus par cette autre femme rapide et au regard attentif.

Mais c'était un dernier petit moment de malchance dans cette attente de plusieurs mois.

 

Dormir devant la Préfecture

Auparavant, nous étions revenus à trois reprises. Alors, la troisième fois, il a dormi devant la préfecture. Et je l'ai rejoint au petit matin. Un appariteur nous l'avait indiqué, un jeune Guinéen, nous l'avait confirmé. Mais il n'avait pas voulu vraiment le croire. Alors à 10 heures du soir, ce troisième jour, il était devant la porte, on lui donnait un numéro l'assurant de rentrer. Heureusement, il n'a pas plu cette nuit-là.

Mais ce demandeur avait eu de la chance. Beaucoup ne l'ont pas. Et rejoindront les milliers et milliers d'expulsés vers les pays Dublin sans avoir pu faire valoir leurs droits.

 

Tout d'abord ses amis

Je l'avais rencontré quelques mois auparavant. Des amis à lui d'Auxerre m'avait alertée et n'avaient eu de cesse que je lui parle. J'ai rencontré à plusieurs reprises, cette insistance de demandeurs pour l'un de leurs amis malade ou en difficulté.

Il était débouté en Allemagne après avoir tenté tous les recours possibles et s'était enfui quand il avait reçu un vol pour ... Kaboul

Depuis son arrivée, il n'avait pu bénéficier d'un hébergement et était arrivé avec ce qui tenait dans un petit sac. Il est toujours aujourd'hui à la rue.

 

Son défenseur

Quand il a reçu sa convocation Dublin, nous avons pu faire appel. Nous avions royalement 15 jours. Car chance, il n'était ni assigné, ni en centre de rétention.

Son défenseur, compétent et toujours présent, a constaté avec effarement que les documents lui expliquant Dublin étaient en anglais. Langue dont il ne parle pas un mot.

Certainement vu le nombre de demandeurs et le peu de risques qu'ils fassent appel, la préfecture ne s'était pas donné la peine de respecter la loi. Il a fallu tant de hasard pour qu'il puisse faire valoir ses droits.

Alors il a gagné au tribunal administratif.

 

Procédure accélérée

"Dernière petite vengeance", il est placé en procédure accélérée, "accusé" de ne poser sa demande que pour se soustraire à une mesure d'éloignement. C'est apparemment la règle pour ceux qui remettent en cause leur placement en Dublin. Et sur le fond, une remise en cause de la décision des tribunaux administratifs. Il garde quand même ses CMA (allocation), ce qui prouve bien qu'il n'est pas "coupable" de ce dont la préfecture l'accuse.

Hier,  fin d'une première angoisse de plusieurs mois.

Dans une préfecture d'Ile de France, une employée sans un mot, sans une explication, lui fait signer des papiers qu'il ne comprend pas, il ne parle pas français. Je lis de loin sur sa précédente attestation de demandeur - Dublin -, annulée. Je récupère les papiers qu'il signe, c'est le formulaire pour poser sa demande à l'OFPRA. Je lui dis. Nous partons. Je n'ai pas eu la force de protester contre cet accueil. Un peu de malchance, car nous avions suivi des yeux la grande dizaine de demandeurs venant faire renouveler leur attestation qui nous précédait. Nous aurions tellement souhaité être reçus plutôt par cette autre femme rapide et au regard attentif.

Mais c'était un dernier petit moment de malchance dans cette attente de plusieurs mois.

nte la préfecture l'accuse.

Mais bon. Aujourd'hui, il a commencé le français. Les langues ne sont pas son fort, mais il veut espérer.

Et il a trois semaines pour déposer maintenant sa demande à l'OFPRA : il y a longtemps que son récit est prêt.

 

La régionalisation

Il a fallu tant de chances pour qu'il puisse casser son Dublin. L'expérience que nous avions acquise durant cette terrible année 2018 d'expulsions massives, ses amis, son avocat, notre volonté sans faille.

Mais on voit bien ici les dangers de la régionalisation. L'abattage de la préfecture, le manque de proximité, les demandeurs qui n'ont pas le temps de créer les liens, le nombre énorme de demandeurs à aider en région, même si nous tentons d'établir des liens avec les personnes mobilisées dans la région de Besançon pour apporter notre aide.

 

Apparemment, depuis ce nouveau dispositif, ils auraient pu ... doubler le nombre de reconduites!

 

(Merci à l'ami de Sens qui nous a accompagnés lors de notre première tentative et qui est resté lui aussi attentif jusqu'au "dénouement")

 

 

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