Cet article a été modifié, étant donné la transformation profonde des relations instaurées depuis début 2019 par le personnel avec les demandeurs d'asile, transformations dont nous sommes témoins au quotidien après cette triste période. Nous tenons à rendre hommage au travail des personnes actuellement en place.
Rendre visite aux demandeurs du CAO d'Auxerre
Rendre visite régulièrement au CAO d'Auxerre, c'est repartir bouleversé(e) devant les situations individuelles, et l’écœurement devant la politique du refus d'asile, pour les Dublin, les DA devant l'Ofpra, la CNDA.
Rendre visite au CAO d'Auxerre, c'est aller d'étage en étage pour tenter de faire le point avec chacun et essayer de ne négliger personne :
. Découvrir qu'à un étage, les demandeurs se battent depuis des mois contre ce qui est certainement des punaises de lit et qui empêchent tout sommeil,
. Avoir la bonne surprise de voir que les trois demandeurs "accueillis" de l'Aquarius ont leurs papiers de 10 ans et imaginer ce qu'ils auraient vécu s'ils étaient arrivés comme les autres DA, montrant ainsi qu'une autre politique de l'asile est possible et rendant encore plus amers les refus et les expulsions des Dublin.
. C'est apprendre que la police est intervenue le matin même de votre visite, pour expulser un jeune demandeur, qui nous avait tant touchés par sa volonté d'apprendre, sa maturité et sa gentillesse.
. Et ressentir, le choc ressenti par les trois demandeurs qui partageaient la chambre. A l'arrivée, la chambre est plongée dans un noir profond, tout le monde tente de dormir pour échapper au choc.
. C'est apprendre le même jour, les refus Ofpra pour deux demandeurs.
. C'est partager un moment de télévision avec un demandeur qui attend et attend sa convocation à la CNDA.
. C'est entendre la demande pressante de plusieurs demandeurs de pouvoir être transférés à tout prix dans un autre centre. Et pour certains, la demande de rencontrer un psychologue après qu'ils ont été témoins de l'agression mortelle en décembre. Mais là, pas de cellule psychologique, même pas au moment de l'agression
Après la terrible période de février à juin 2018, dont peu ont pris la mesure même parmi les personnes mobilisées : cette volonté acharnée de terminer avant l'entrée en juillet les décisions de transferts et les expulsions qui a touché des dizaines et des dizaines demandeurs raflés et transférés dans le département, depuis septembre, beaucoup d'interrogations sur la politique en cours pour les demandeurs d'asile.
En effet, peu de personnes Dublin arrivent. Est-ce dans le département, le calme relatif avant une nouvelle tempête. Quelle politique le pouvoir a-t-il décidé pour les Dublin.
Les évacuations de La Chapelle de ce mois de janvier nous donneront-elles une réponse?