Depuis l'arrivée dans le département des demandeurs d'asile en juillet 2016, ceux-ci sont soumis à une chasse à l'homme ininterrompue et à des conditions de non vie dans les centres.
En grande majorité Dublin, ils ont subi la politique de transfert de plein fouet. Raflés, ils ont été transférés d'abord dans les CAO existants d'Auxerre et de Vergigny. puis des nouveaux centres se sont ouverts à Villeblevin et à Jaulges, enfin au Prahda d'Appoigny.
Il n'a pas été facile dans un premier temps de mobiliser même au sein des mouvements attentifs à l'immigration.
Si un collectif s'est créé rapidement à Villeblevin, il n'en a pas été de même au CAO d'Auxerre et surtout à Jaulges.
L'ouverture ensuite du Prahda d'Appoigny a dans un premier temps cristallisé la prise de conscience et un mouvement large et offensif s'est créé. C'est alors que la présence aux notifications et aux appels a pu être avancée et une prise de conscience de ce que signifiait la procédure Dublin s'est développée. L'information a pris corps lors de manifestations importantes. Cependant, le mouvement d'Appoigny s'est transformé peu à peu en collectif de soutien aux migrants d'Appoigny.
En février 2018 s'est mise en place dans le département une machine infernale.
Des dizaines et dizaines d'expulsions jusqu'au 29 juin ont permis au préfet de terminer sa sinistre besogne avant les vacances. Si notre présence, même minime a pu permettre d'accompagner efficacement les demandeurs du CAO d'Auxerre, ceux de Jaulges sont restés dans un total abandon.
La fin 2018 a montré clairement l'importance d'une présence plus forte et de l'information pour ce qui se passe dans ces lieux d'hébergement et les conséquences dans notre département de la politique de non asile.
L'agression mortelle au CAO d'Auxerre n'était pas une fatalité. Le jeune agresseur était dans un état inquiétant et la police était intervenue le matin même suite à une première agression. C'est la conséquence directe de la "politique" de Coallia au quotidien.
A Jaulges, un nombre impressionnant de demandeurs d'asile ont dû fuir depuis des mois les transferts, parmi eux des déboutés du droit d'asile risquant le retour dans les pays d'origine. Les appels à Dijon n'ont pas été faits et c'est dans des situations catastrophiques qu'ils se sont enfuis. Or, le travail effectué auprès des demandeurs des autres centres a permis non seulement de déposer tous les recours, mais des demandeurs aujourd'hui obtiennent aujourd'hui l'asile et même le statut de réfugié et des cartes de 10 ans.
Dernier événement à Jaulges, inadmissible au sens propre : la police a effectué récemment un véritable raid de nuit.
Ces deux événements (je ne trouve pas d'autres mots), la mort de ce demandeur à Coallia et le raid de Jaulges devraient mobiliser toutes nos forces. Pour dans ces deux cas, se tourner contre Coallia, car peu à peu le silence se fait, et contre Jaulges.
Il est certain que nous arrivons à la fin de la présence des Dublin dans l'Yonne. Le but est maintenant de rendre les demandeurs d'asile encore plus invisibles en les parquant dans des centres quasi fermés et en les regroupant dans des centres régionaux.
Pourtant, nous pouvons encore informer et influer sur ce qui s'est passé et qui se passe dans le département. Il n'est pas trop tard pour manifester fortement face à ces deux événements et décider de nous mobiliser.