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Demandeurs d'asile en 89

Plus de 150 demandeurs d'asile ont été amenés d'abord de Paris (La Chapelle, Jaurès, Stalingrad...) puis de Calais dans l'Yonne. Une grande majorité dépend de Dublin. Ils ont pris tous les risques et maintenant ils risquent le retour dans un pays où ils ont été enregistrés contre leur gré et où les conditions d'accueil ne sont pas acceptables. Lire dans la rubrique Pages : notre pétition, la lettre des demandeurs d'asile soudanais d'Auxerre ... . Consulter les catégories : Paroles de demandeurs d'asile, Pays de non asile, Nous les soutenons, Nous informons, Chronique en 89, Prahda, Ofpra. Signer la pétition pour la régularisation : https://secure.avaaz.org/fr/community_petitions/emmanuel_macron_et_le_gouvernement_francais_france_regularisation_de_tous_les_sanspapiers/?txqxfqb&fbclid=IwAR2vLV1piiM2wCy8EP05vhzCNFk5iLL_tvPjntEgXI5yFb9Qk4kBBKrgprY

Militants, demandeurs d'asile unis devant la préfecture d'Auxerre ce 19 mai. Souhaitons que nos voix aient été entendues.

Publié le 20 Mai 2017 par lieb in Nous les soutenons

Il est dis-sept heures. Devant la préfecture. Il ne pleut pas. Beaucoup sont venus du Nord du département, 60 km quand même pour être présents. Il y a  des amis de toutes les sensibilités qui au fil des différentes initiatives et en particulier la dernière avec le Gisti, ont senti la nécessité de bouger. Parmi nous aussi, des amis de tout le département. C'est émouvant.

Auxerre en effet était incontournable s'agissant des décisions de la préfecture, obligations de quitter le territoire ou application de Dublin.

Le collectif de soutien aux migrants et réfugiés de Sens donne le départ de la manifestation. Après les prises de paroles des organisations, des moments essentiels :

 

La remise de la pétition : les organisations sont reçues par la préfecture. La pétition regroupant plus de 700 signatures - autant de voix pour l'asile - lui est remise.

http://demandeursdasileen89.over-blog.com/2017/04/petition-nous-demandons-au-prefet-de-l-yonne-de-permettre-a-tous-les-demandeurs-d-asile-heberges-dans-notre-departement-de-voir-leur

http://demandeursdasileen89.over-blog.com/2017/05/commentaires-pour-notre-petition-je-signe-et-si-je-pouvais-mille-fois-je-signerais-dublin-abolition.html

La prise de parole des migrants de Jaulges, très conscients, très précis. ils viennent souvent de La Chapelle et savent ce qui est derrière leur situation actuelle.

Jaulges

Jaulges

L'une des pires tant sur le principe que dans la réalité. Ces demandeurs d'asile sont au sens propre dans un camp militaire. Pour être allés les chercher, nous pouvons témoigner de l'isolement géographique absolu de ce camp qui porte réellement bien son nom. Cela n'a rien d'un CAO et tout d'un lieu de relégation. Nous apprendrons plus tard lors de la manifestation, les conditions d'isolement, d'infantilisation qu'ils vivent.

 

Un autre moment fort : des demandeurs d'asile d'Auxerre s'alignent, une pancarte qu'ils ont confectionnée devant eux. Chacun à leur tour ils lisent ce qu'ils

Militants, demandeurs d'asile unis devant la préfecture d'Auxerre ce 19 mai. Souhaitons que nos voix aient été entendues.

ont choisi d'écrire. "Où sont nos droits", "Je ne veux pas retourner dans mon pays. Je suis en danger". Ces demandeurs d'asile-là sont arrivés dans l'Yonne en juin/juillet. La plupart sont et restent Dublin car ils ne sont pas Calais. Beaucoup sont là depuis plus de 10 mois, nous savons qu'ils sont tout près de la fin de leur période Dublin. Nous savons aussi que le piège que l'Etat a mis en place (ils ne sauront la date de cette fin de Dublin que lorsque l'on leur remettra la notification de retour donc quand ils ne pourront plus rien faire) peut se refermer à tout moment sur eux.

 

Troisième temps : le départ en manifestation. Un ami lance d'une voix décidée le slogan "solidarité avec les migrants". Le ton est donné, la manifestation qui va de la préfecture à la mairie est lancée. Devant les migrants reprennent et lancent des slogans. Il y a là beaucoup de force, d'enthousiasme.

 

Derniers temps, devant la mairie d'Auxerre : en dessous des mots liberté, fraternité, égalité, les migrants grimpent l'escalier et du balcon nous entraînent dans  une suite endiablée de slogans. De notre côté le mégaphone crie : "Dublin, on n'en veut pas". A un moment, tentative de chanter ensemble Soudan, oh mon Soudan. A un autre moment, nous scandons régularisation de tous les sans papiers. Car  pouvoir faire sa demande, ne veut pas dire, il ne faut pas l'oublier avoir le droit d'asile. Et les innombrables OQTF en témoignent.

 

Cette manifestation est le résultat de mois de mobilisation sur Sens. Depuis plusieurs mois, le collectif de Sens développe une action pour défendre les droits des réfugiés et des migrants. En son sein, plusieurs sensibilités, mais une volonté forte d'agir et la volonté d'agir avec d'autres. Ainsi dans cette mini-ville, plusieurs actions ont été déjà mises en place qui ont abouti à cette manifestation du 19 mai fédérant quatre associations sur le département, La Cimade, La ligue des droits de l'Homme, RSM89. Et le succès est venu aussi d'initiatives concrètes, d'électrons-libres engagés auprès de migrants et qui ont su s'inscrire dans la manifestation. C'est l'une des leçons de cette manifestation. La capacité sur Sens de bouger ensemble et toujours plus.

 

Une délégation a été reçue par la préfecture. Qu'est-ce que le préfet aura retenu.

Depuis cinq semaines, un demandeur attend dans l'angoisse sa deuxième convocation, convocation fatale où le tout (pouvoir faire une demande dans le pays de son choix dans des conditions acceptables) est remplacé le rien (le retour dans pays de non asile ou la rue). Souhaitons que nos voix aient été entendues. et que cette situation prendra fin.

Car après la fin de Dublin pour les demandeurs de Calais, il faudrait bien obtenir que toutes les situations qui ont créées depuis des mois dans les CAO, où des demandeurs restent pendant des mois dans l'espoir et sont brutalement expulsés, que toutes ces situations s'arrêtent.

Une sorte de moratoire en sorte pour ceux qui dans l'Yonne subissent cette situation depuis presque un an.

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